Parole de Dieu chaque jour

Parole de dieu chaque jour

Fête du Corps et du Sang du Christ
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Libretto DEL GIORNO

Homélie

Ce soir-là à Emmaüs, les deux disciples, réconfortés par l’étranger qui avait marché avec eux sur la route, lui font cette invocation simple et belle : « Reste avec nous, le soir approche » (Lc 24,29). Depuis lors, cet étranger est resté avec les hommes, en se faisant leur compagnon de route dans l’Histoire ; il a été au milieu des disciples de toutes les nations en route sur les chemins du monde, pour les réconforter, les instruire et, pourquoi pas, les corriger, en taillant et en éliminant les duretés et les incompréhensions : les maisons des disciples se sont multipliées, et dans chacune d’elles, Jésus continue à rompre le pain et à le distribuer à chacun. Ce pain rompu est la nourriture et le soutien des croyants en marche. En ce sens, la fête du Corps et du Sang du Christ, instituée par l’Église au XIIe siècle, plonge ses racines dans le repas d’Emmaüs ; mieux encore : elle se situe entre le repas au Cénacle de Jérusalem et celui d’Emmaüs, entre la mort et la résurrection du Seigneur.
La liturgie de ce dimanche nous présente le récit de la dernière Cène que Paul fit aux Corinthiens. Il contient ces paroles très fortes et concrètes: « Ceci est mon corps », « Ceci est mon sang ». C’est le mystère de la foi, tel que nous le proclamons durant la Liturgie eucharistique, juste après la Consécration. C’est un grand mystère. Mais plus encore qu’une réalité mystérieuse et difficilement compréhensible pour l’intellect, c’est une extraordinaire preuve d’amour que nous donne le Seigneur. Ce mystère est celui d’une présence constante et très particulière. Très particulière parce que dans l’Eucharistie, Jésus n’est pas seulement réellement présent (ce qui est déjà une chose extraordinaire), mais qu’il est présent comme corps « rompu » et sang « versé ». Donc comme un ami qui donne sa vie pour ceux qu’il aime. La fête du Corpus Domini est donc la fête d’un corps qui montre ses blessures, le « sang » et « l’eau » qui se déversent de son côté, comme nous le dit l’apôtre Jean.
D’après une tradition demeurée très vivante en certains endroits, l’Eucharistie est portée en procession dans les rues des villes et des villages, jonchées de pétales de fleurs. Il est juste de faire la fête. Car nous avons besoin que Celui qui n’est pas venu pour être servi, mais pour servir, au point de donner sa vie pour nous, continue à parcourir nos rues. Mais comme il le fit pour les disciples d’Emmaüs, le Seigneur se présente à nous sous l’apparence d’un étranger, de quelqu’un qui n’est pas de chez nous, qui ne fait pas partie de notre milieu, qui n’a pas les mêmes idées que nous. Il vient de l’extérieur. Même son corps est présent parmi nous autrement. Alors que nous avons quantité d’attentions pour notre corps, lui, au contraire, se présente comme corps « rompu ». Alors que nous cherchons à nous protéger par tous les moyens, lui passe parmi nous en versant tout son sang. Dans l’Hostie, il nous révèle une façon d’être totalement opposée à la nôtre. Qu’elle vienne donc, la procession du Corpus Domini ! Qu’elle traverse nos rues ! Pas seulement pour recevoir une reconnaissance extérieure et festive, mais pour entrer dans nos cœurs et les rendre plus semblables au cœur de Jésus. De même que le corps du Seigneur, sa Parole « plus tranchante qu’un glaive à double tranchant » (He 4,12) nous est donnée pour que nous devenions semblables à lui, comme le dit Paul : le Seigneur s’est fait nourriture pour les hommes, pour qu’ils deviennent un seul corps, le corps du Christ, et pour qu’ils aient les mêmes sentiments que lui.
À ce propos, il y aurait aussi une autre considération à faire. Nos rues sont parcourues chaque jour par des processions du Corpus Domini, même si nous ne jetons pas de pétales de fleurs sur son passage. Certains lanceraient plutôt des regards indifférents, quand ce ne sont pas des insultes ! Ce sont les processions des pauvres, ceux de chez nous, ceux venus d’ailleurs, et ceux, innombrables, qui sont loin de nous. Ils sont tous le « corps du Christ », et ils continuent à parcourir les rues de nos villes et du monde dans l’indifférence générale. Jean Chrysostome a fait à ce propos une mise en garde décisive : « Si vous voulez révérer le corps du Christ, ne le méprisez pas quand il est nu. Après avoir révéré le Christ eucharistique dans ses habits de soie, gardez-vous d’ignorer ensuite, à la sortie de l’église, cet autre Christ nu et exposé au froid ». L’un et l’autre sont le vrai visage du Christ. Or le Christ n’est pas divisé, à moins que nous ne le divisions.

La prière est le coeur de la vie de la Communauté de Sant'Egidio, sa première "oeuvre". Au terme de la journée chaque Communauté, petite ou grande, se recueille en prière autour du Seigneur pour écouter sa Parole et Lui adresser son invocation. Les disciples ne peuvent pas ne pas rester aux pieds de Jésus, comme Marie de Béthanie, pour choisir "la meilleure part" (Lc 10,42) et apprendre de Lui les mêmes sentiments (Phil 2,5).

Chaque fois la Communauté, revenant au Seigneur, fait sienne la demande du disciple anonyme: "Seigneur, apprends-nous à prier" (Lc 11,1). Et Jésus, maître de prière, continue à répondre: "Quand vous priez, dites: Abbà, Père".

Quand on prie, même dans le secret de son propre coeur, on n'est jamais isolés ou orphelins; on est de toute façon membres de la famille du Seigneur. dans la prière commune apparaît clairement, outre le mystère de la filiation, également celui de la fraternité.

Les Communautés de Sant'Egidio répandues à travers le monde se rassemblent dans les divers lieux choisis pour la prière et présentent au Seigneur les espérances et les douleurs des "foules désemparées et abattues" dont parle l'évangile (Mt 9,36). Dans ces foules anciennes sont inclus les habitants des villes contemporaines, les pauvres mis aux marges de la vie, tous ceux qui attendent d'être pris à la journée (Mt 20).

La prière commune recueille le cri, l'aspiration, le désir de paix, de guérison, de sens et de salut que vivent les hommes et les femmes de ce monde. La prière n'est jamais vide. Elle monte incessante vers le Seigneur afin qu'il change les pleurs en joie, le désespoir en allégresse, l'angoisse en espérance, la solitude en communion. Et que le Règne de Dieu vienne vite parmi les hommes.