Parole de Dieu chaque jour

Le jour du Seigneur
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Le jour du Seigneur

7ème Dimanche du Temps Ordinaire Lire plus

Libretto DEL GIORNO
Le jour du Seigneur

Homélie

Parmi les antithèses du Sermon sur la montagne, il y en a une qui aborde la question de la vengeance et de l’amour pour nos ennemis : « Vous avez appris qu’il a été dit : Œil pour œil, dent pour dent. Eh bien moi je dis de ne pas riposter au méchant ; mais si quelqu’un te gifle sur la joue droite, tends-lui encore l’autre ». Jésus se réfère ici à l’ancienne loi du Talion. Contrairement à ce qu’on pourrait penser, cette disposition biblique était bénéfique à sa façon, puisqu’elle visait à limiter et à contrôler la vengeance. À l’origine – et malheureusement aujourd’hui encore parfois – la vengeance était sans fin, implacable et féroce et s’exerçait indifféremment sur les coupables, vrais ou présumés, sur leurs proches, ou même sur un membre de leur clan. C’était assurément l’une des formes les plus abjectes des relations humaines. Comment ne pas la comparer – pour prendre un exemple de notre temps – aux agissements de la mafia ? La loi du Talion est venue y mettre des limites, en introduisant le principe de la proportionnalité de la compensation du droit lésé. La réparation d’un tort devait être proportionnée : une dent pour une dent, un œil pour un œil, un pied pour un pied, et ainsi de suite. En somme, cette loi mettait un frein aux instincts sauvages de l’homme.
Jésus bouleverse entièrement ce système et présente une vision totalement différente, nouvelle. Non seulement nous ne devons pas chercher à nous venger, mais nous ne devons même pas nous opposer à ceux qui nous font un tort. Que se passe-t-il entre nous ? Si quelqu’un nous gifle sur la joue droite (un geste considéré comme particulièrement insultant), en réagissant instinctivement nous lui rendons la pareille. Mais Jésus nous arrête en disant : « Non, tendez lui plutôt l’autre joue, et vous verrez qu’il renoncera à vous frapper. Et dans tous les cas, ne lui rendez pas le mal pour le mal, car de cette manière, le mal se prolongerait à l’infini ». L’attitude qui nous est suggérée ici s’inspire du modèle du « serviteur souffrant » d’Isaïe, qui n’a pas cherché à se soustraire aux insultes et aux crachats (Is 50,6). Jésus veut éliminer la mentalité qui se cache derrière la règle du droit à la vengeance. Ce « droit » répond en vérité à une logique profondément enracinée dans le cœur de l’homme : ce qu’un autre nous fait, nous le lui ferons en retour. Malgré son apparente équité, cette logique perverse n’a jamais mis fin à l’injustice. En effet, si nous rendons à quelqu’un la monnaie de sa pièce, nous n’éliminons pas la cause de l’inimitié. Au contraire, nous l’enracinons encore plus profondément. Même distribué équitablement, le mal conserve sa virulence. Pour vaincre le mal – nous dit cette page évangélique – il faut l’éradiquer du cœur des hommes.
C’est pourquoi Jésus propose de surmonter l’inimitié par la surabondance de l’amour. Le mal ne sera jamais vaincu par un autre mal, mais seulement par le bien, comme le montre Jésus à l’aide d’exemples empruntés à la vie quotidienne. Si quelqu’un veut nous prendre notre tunique, donnons-la lui avec notre manteau ; et si on nous oblige à parcourir un mille, faisons-en spontanément deux, par pure obligeance ; et si on nous demande un prêt, ne le refusons jamais. Ces conseils semblent impossibles à suivre. Se faire gifler l’autre joue est bon pour les masochistes ou pour les esprits angéliques, qui n’ont d’ailleurs pas de joues. Et qui accepte de se laisser spolier ? Qui accepte de perdre encore davantage de temps avec quelqu’un qui lui en a déjà pris un peu ? Encore une fois, revient l’objection habituelle : la vie selon l’Évangile n’est pas faite pour nous. Tout au plus – cela nous pouvons le concéder parce que cela ne nous regarde pas – s’adresse-t-elle à des personnes spéciales. Mais il n’en est pas ainsi. Ceux qui s’efforceront d’appliquer cette page évangélique prendront conscience de la richesse d’humanité contenue dans ces paroles du Seigneur. Les affirmations de Jésus à propos de la justice nouvelle et surabondante sont confirmées par la suite du chapitre cinq de l’évangile de Matthieu.
Jésus dit : « Vous avez appris qu’il a été dit : Tu aimeras ton prochain et tu haïras ton ennemi. Eh bien moi, je vous dis : aimez vos ennemis ». Le prophète de Nazareth efface d’un trait de son vocabulaire – et voudrait effacer aussi de celui de ses disciples – le mot « ennemi », pour le remplacer par « l’autre », « le prochain ». Pour le chrétien, il ne doit pas y avoir d’ennemis, mais seulement des prochains. Un évangile qui demande de pardonner les offenses se situe à l’opposé de la façon habituelle de voir les choses. Mais si en plus il demande d’aimer ses ennemis, il apparaît alors comme totalement inapplicable. Jésus va encore plus loin : il nous demande de prier pour ceux qui nous persécutent, en en donnant lui-même l’exemple : « Père, pardonne-leur : ils ne savent ce qu’ils font » (Lc 23,34). Dans l’Ancien Testament, il n’est pas dit qu’on doit haïr ses ennemis, même si le devoir d’amour envers le prochain se limite aux membres du peuple d’Israël et aux habitants de Palestine, y compris les étrangers, contrairement à ce qui se passe dans notre société, si inhospitalière vis-à-vis des étrangers. Si nous devons aimer nos ennemis, combien plus nous devons aimer ceux que la faim ou la guerre ont contraint de quitter leur foyer, leur famille, leur pays.
Jésus veut élargir le cœur des hommes jusqu’à ses limites extrêmes, et supprimer les causes d’inimitié entre eux. Cet amour, qui est en quelque sorte le critère de son enseignement, touche au mystère de Dieu, à sa façon d’être et d’agir. Et Jésus cite précisément la façon d’agir de Dieu pour mieux faire comprendre cet enseignement. Dieu – dit Jésus – fait lever le soleil sur les bons et sur les méchant, et tomber la pluie sur les justes et sur les injustes, indépendamment de leurs mérites ou de leurs démérites. À tous, il distribue ses dons ; il ne fait rien manquer aux hommes, quelles que soient leur race, leur ethnie ou leur religion. Car comme le dit Paul : « Dieu ne fait pas acception des personnes » (Rm 2,11). Les distinctions, c’est nous qui les faisons. Le Seigneur ne récompense pas les bons par le bien et les méchants par le mal. Sur tous, il fait lever son soleil. La logique de l’amour corporatif et intéressé doit faire place à un amour gratuit et universel, capable de s’ouvrir aux étrangers et aux différents. Jésus dit encore : « Si vous aimez ceux qui vous aiment, quelle récompense aurez-vous ? Les publicains eux- mêmes n’en font-ils pas autant ? Et si vous réservez vos saluts à vos frères, que faites-vous d’extraordinaire ? Les païens eux-mêmes n’en font-ils pas autant ? ». L’appel de Jésus est ambitieux : «Vous donc, vous serez parfaits comme votre Père céleste est parfait». Il lie la perfection à la charité, à l’amour sans limite, et il nous en a donné l’exemple. L’imitation du Christ, l’homme nouveau, modèle de la vraie humanité, est un chemin que l’Évangile met à la portée de chacun de nous.

La prière est le coeur de la vie de la Communauté de Sant'Egidio, sa première "oeuvre". Au terme de la journée chaque Communauté, petite ou grande, se recueille en prière autour du Seigneur pour écouter sa Parole et Lui adresser son invocation. Les disciples ne peuvent pas ne pas rester aux pieds de Jésus, comme Marie de Béthanie, pour choisir "la meilleure part" (Lc 10,42) et apprendre de Lui les mêmes sentiments (Phil 2,5).

Chaque fois la Communauté, revenant au Seigneur, fait sienne la demande du disciple anonyme: "Seigneur, apprends-nous à prier" (Lc 11,1). Et Jésus, maître de prière, continue à répondre: "Quand vous priez, dites: Abbà, Père".

Quand on prie, même dans le secret de son propre coeur, on n'est jamais isolés ou orphelins; on est de toute façon membres de la famille du Seigneur. dans la prière commune apparaît clairement, outre le mystère de la filiation, également celui de la fraternité.

Les Communautés de Sant'Egidio répandues à travers le monde se rassemblent dans les divers lieux choisis pour la prière et présentent au Seigneur les espérances et les douleurs des "foules désemparées et abattues" dont parle l'évangile (Mt 9,36). Dans ces foules anciennes sont inclus les habitants des villes contemporaines, les pauvres mis aux marges de la vie, tous ceux qui attendent d'être pris à la journée (Mt 20).

La prière commune recueille le cri, l'aspiration, le désir de paix, de guérison, de sens et de salut que vivent les hommes et les femmes de ce monde. La prière n'est jamais vide. Elle monte incessante vers le Seigneur afin qu'il change les pleurs en joie, le désespoir en allégresse, l'angoisse en espérance, la solitude en communion. Et que le Règne de Dieu vienne vite parmi les hommes.