Parole de Dieu chaque jour

Le jour du Seigneur
Parole de dieu chaque jour

Le jour du Seigneur

XXIIIe Dimanche du Temps Ordinaire
Mémoire de Moïse. Appelé par le Seigneur, il libéra le peuple d'Israël de l'esclavage en Égypte et le guida vers la « terre promise ».
Lire plus

Libretto DEL GIORNO
Le jour du Seigneur

Homélie

« L’accomplissement parfait de la Loi, c’est l’amour », écrit Paul aux Romains d’hier et d’aujourd’hui. C’est une affirmation qui va bien au-delà de la logique légaliste que les pharisiens avaient imposée aux gens. Résumant la doctrine évangélique, l’apôtre invite à s’éloigner d’une attitude moralisante rigide et étroite pour ouvrir des perspectives plus larges et plus joyeuses. Saint Augustin, liant cette pensée paulinienne à la liberté chrétienne, écrivit la phrase bien connue : « Aime et fais ce que veux ». Il faut toutefois bien prendre garde au fait que cette affirmation sur la pleine liberté du chrétien ne signifie pas absence d’obligations. Paul ajoute en effet aussitôt : « Ne gardez aucune dette envers personne, sauf la dette de l’amour mutuel ». Il y a effectivement une dette qu’ont les chrétiens, et c’est la seule : l’amour mutuel. A nous, qui avons été libérés de tout autre lien, il reste cette obligation contraignante. On pourrait dire, en d’autres termes, qu’il existe un droit du prochain envers chacun de nous, celui du droit à l’amour, du droit d’être aimé. Cette affirmation décisive de Paul s’oppose à notre mentalité obstinément égoïste.
La liturgie de ce dimanche voit la plupart d’entre nous reprendre le rythme de la vie ordinaire après une période de repos estival. Nous nous plongeons à nouveau dans nos itinéraires personnels, prêts à nous passionner pour nos perspectives et nos projets. Et le prochain ? Et la dette d’amour que nous avons envers lui, où l’avons nous mise ? Souvent, nous nous contentons de penser que nous n’éprouvons pas d’hostilité forte envers les autres. Mais cela signifie tout au plus que notre vie s’écoule en parallèle à celle de ceux qui sont près de nous, quand ce n’est pas contre, comme nous avons souvent dû le constater à l’égard des plus faibles, spécialement s’ils ne sont pas des nôtres. D’un côté, le sens du respect d’autrui semble grandir dans notre société, mais de l’autre la distance, l’indifférence et la violence augmentent pareillement. Il existe assurément de mauvaises manières de s’intéresser aux autres : la critique faite dans le dos des gens, la médisance, la malveillance, et ainsi de suite ; si bien que le respect est parfois une conquête à mener. Or l’Évangile dit que ce respect ne suffit pas, car le droit de l’autre à notre amour existe. Cette affirmation, parmi les plus claires de l’Évangile, compromet franchement nos perspectives solitaires et nos destins parallèles.
L’Évangile de Matthieu que nous avons écouté ce dimanche nous rappelle les paroles de Jésus sur la correction et sur le pardon fraternel. Elles sont exactement sur la même ligne que l’amour pour le prochain. Il y a, en effet, une manière de ne pas dire les choses qui ne relève pas du respect, mais de l’indifférence ; à l’inverse, il existe une manière de les dire qui manifeste un intérêt sincère et une juste responsabilité envers les autres. Chaque croyant a le devoir de corriger son frère quand il se trompe, tout comme chacun a le droit d’être pardonné. Nous vivons malheureusement dans une société qui connaît de moins en moins le pardon, pour cette raison précise qu’elle ne connaît plus la dette de l’amour. La parole de Dieu, en ce dimanche, nous interroge en profondeur. Dans un monde de plus en plus interdépendant mais en même temps concurrentiel, il faut apprendre que, pour être vraiment libre et pour construire une société vraiment civile, nous devons nous faire à nouveau serviteurs de l’amour les uns pour les autres. L’utopie du respect intégral des droits de chaque homme et de chaque femme exige que tous assument un seul et incontournable devoir : respecter le droit de l’autre à être aimé. Ce droit est étroitement mêlé à la fondation d’une coexistence humaine pleinement libérée des nombreuses menaces externes et internes.
L’image parfaite de cette cohabitation est donnée par l’unité des disciples qui prient ensemble. « Encore une fois, je vous le dis : si deux d’entre vous sur la terre se mettent d’accord pour demander quelque chose, ils l’obtiendront de mon Père qui est aux cieux ». Ces paroles aussi sont très importantes. L’accord des disciples à demander la même chose, quelle qu’elle soit, oblige Dieu lui-même à la concéder. Dieu donne aux hommes unis dans une seule et même volonté un pouvoir immense. Et si cela ne se produit pas ou ne se manifeste pas, nous devons interroger notre manière de prier, qui est peut-être viciée à la racine par l’individualisme et les indifférences parallèles. La liturgie dominicale elle-même est parfois vécue de manière individualiste : chacun vient ici pour son compte et pour son intérêt propre. La Sainte Liturgie est au contraire le moment privilégié pour construire l’unité et l’harmonie dans la prière et dans la requête. Si notre prière ne semble pas obtenir de réponse, c’est que nous ne nous sommes pas assez interrogés sur notre prochain, sur celui qui a besoin, sur celui qui attend que quelqu’un se souvienne de lui. Même le miracle de la paix dépend de cet accord dans la prière.

La prière est le coeur de la vie de la Communauté de Sant'Egidio, sa première "oeuvre". Au terme de la journée chaque Communauté, petite ou grande, se recueille en prière autour du Seigneur pour écouter sa Parole et Lui adresser son invocation. Les disciples ne peuvent pas ne pas rester aux pieds de Jésus, comme Marie de Béthanie, pour choisir "la meilleure part" (Lc 10,42) et apprendre de Lui les mêmes sentiments (Phil 2,5).

Chaque fois la Communauté, revenant au Seigneur, fait sienne la demande du disciple anonyme: "Seigneur, apprends-nous à prier" (Lc 11,1). Et Jésus, maître de prière, continue à répondre: "Quand vous priez, dites: Abbà, Père".

Quand on prie, même dans le secret de son propre coeur, on n'est jamais isolés ou orphelins; on est de toute façon membres de la famille du Seigneur. dans la prière commune apparaît clairement, outre le mystère de la filiation, également celui de la fraternité.

Les Communautés de Sant'Egidio répandues à travers le monde se rassemblent dans les divers lieux choisis pour la prière et présentent au Seigneur les espérances et les douleurs des "foules désemparées et abattues" dont parle l'évangile (Mt 9,36). Dans ces foules anciennes sont inclus les habitants des villes contemporaines, les pauvres mis aux marges de la vie, tous ceux qui attendent d'être pris à la journée (Mt 20).

La prière commune recueille le cri, l'aspiration, le désir de paix, de guérison, de sens et de salut que vivent les hommes et les femmes de ce monde. La prière n'est jamais vide. Elle monte incessante vers le Seigneur afin qu'il change les pleurs en joie, le désespoir en allégresse, l'angoisse en espérance, la solitude en communion. Et que le Règne de Dieu vienne vite parmi les hommes.