Parole de Dieu chaque jour

Le jour du Seigneur
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Le jour du Seigneur

XXVe Dimanche du Temps Ordinaire Lire plus

Libretto DEL GIORNO
Le jour du Seigneur

Homélie

La longue série des dimanches d’après la Pentecôte nous a entraînés dans le long voyage de Jésus vers Jérusalem. L’Évangile de ce dimanche se place peu avant l’entrée de Jésus dans la ville sainte. Tout de suite après, il annoncera à ses disciples sa mort prochaine. Il était désormais évident que ses paroles résonnaient de manière totalement étrangère à la religiosité dominante d’alors, jusqu’à en bouleverser les bases. Le front de l’opposition s’était non seulement élargi mais en plus il avait fait mûrir la décision d’éliminer Jésus. Le Christ en était conscient : il savait bien que s’il continuait sur cette voie, ce serait la fin pour lui. Mais il ne s’arrêta pas. Il ne pouvait pas émousser son Évangile, ni en réduire les exigences. Du reste, les prophètes déjà avaient souligné la distance qui existait entre la manière de penser de Dieu et celle des hommes. Au chapitre 55 du prophète Isaïe on lit : « Mes pensées ne sont pas vos pensées, et mes voies ne sont pas vos voies, oracle de Yahvé. Autant les cieux sont élevés au-dessus de la terre, autant sont élevées mes voies au-dessus de vos voies, et mes pensées au-dessus de vos pensées ». La distance entre le ciel et la terre (c’est-à-dire les manières de raisonner, de penser, de se comporter dans les deux mondes) était l’un des dogmes de l’ancien Israël. Tout au plus souhaitait-on que le ciel descende sur la terre ; et avec toute son altérité. Se trouve enfermé ici le mystère de l’histoire du salut qui, en Jésus, a trouvé son sommet et donc aussi le comble de l’altérité. Jésus est différent de ce monde, tout en y vivant jusqu’au bout.
La parabole des ouvriers de la dernière heure, rapportée par Matthieu au début du chapitre vingt, s’inscrit également dans ce contexte d’altérité. Elle a dû sembler bien étrange aux auditeurs de Jésus, car elle était totalement en contradiction avec la justice salariale commune. Le geste du maître de la vigne qui donne le même salaire à ceux qui ont travaillé toute la journée et à ceux qui n’ont travaillé qu’une heure est vraiment insolite. L’histoire racontée ici se déroule autour de l’initiative d’un entrepreneur agricole, viticulteur, qui est préoccupé toute la journée de devoir engager des travailleurs pour sa vigne (certains émettent l’hypothèse que le patron est inquiet car il doit terminer la vendange en peu de temps, avant le début de la saison des pluies). Ce jour-là il sort cinq fois de chez lui. Il se rend sur la place dès l’aube et il convient avec les premiers travailleurs de la journée d’un denier comme salaire (c’était la paie ordinaire pour une journée de travail) ; il sort de nouveau à neuf heures du matin, puis à midi, à trois heures et enfin à cinq heures. La réponse que donnent les derniers ouvriers à son invitation (« personne ne nous a engagés ») fait penser à d’autres, jeunes et moins jeunes, chômeurs, non seulement et non pas tant en matière de travail rémunéré qu’en matière de construction d’une vie solidaire. La situation est pire pour ceux qui travaillent dès leur plus jeune âge et qui se trouvent dans un état de santé dégradé. En ce sens, nombreux sont les chômeurs : ce sont ces jeunes, peut-être désillusionnés ou bien assujettis à la société de consommation, au point qu’ils se replient sur eux-mêmes, à la fois victimes et responsables de la dégradation d’autres. Ils sont probablement ainsi parce que « personne ne les engage pour la journée ». Le soir venu, continue la parabole, le paiement commence. Les derniers reçoivent un denier chacun. Voyant cela, les premiers pensent recevoir plus. Il est logique de le penser, peut-être même juste. La surprise de se voir traiter comme les derniers les conduit à murmurer contre le patron : « ce n’est pas juste », sont-ils tentés de dire. Et en effet les auditeurs de la parabole (nous aussi peut-être) sont portés à partager ces sentiments. Mais il y a une grande distance entre le ciel et la terre.
Il faut d’abord préciser que Jésus ne veut pas donner une leçon de justice sociale, ni présenter un des patrons habituels de ce monde qui, justement, récompense selon les prestations données. Il présente un personnage absolument exceptionnel, qui traite ses subalternes autrement que d’après les règles légales. Jésus veut montrer l’agir du Père, sa bonté, sa magnanimité, sa miséricorde, qui surpassent la façon commune de penser des hommes. Et il la dépasse vraiment autant que le ciel est distant de la terre. Travailler pour le Seigneur, pour l’Évangile, pour la vie et non en vue de l’exploitation, voire de la mort, est déjà une grande récompense. Cette extraordinaire bonté miséricordieuse provoque le murmure et le scandale. Mais Dieu ne distribue pas sa récompense selon son caprice, en donnant plus à certains et moins à d’autres. Dieu ne commet d’injustice envers personne. C’est la grandeur de sa bonté qui le pousse à donner à tous selon leur besoin. La justice de Dieu ne réside pas dans un principe abstrait d’équité, mais elle se mesure au besoin de ses enfants. Cette parabole nous pousse à considérer la grande sagesse qui réside sur la voie qui nous est indiquée par le Seigneur. La récompense consiste dans le fait d’être appelés à travailler pour la vigne du Seigneur et dans la consolation qui s’en suit. Peu importe à quel moment de la vie on a été engagé dans la vigne.

La prière est le coeur de la vie de la Communauté de Sant'Egidio, sa première "oeuvre". Au terme de la journée chaque Communauté, petite ou grande, se recueille en prière autour du Seigneur pour écouter sa Parole et Lui adresser son invocation. Les disciples ne peuvent pas ne pas rester aux pieds de Jésus, comme Marie de Béthanie, pour choisir "la meilleure part" (Lc 10,42) et apprendre de Lui les mêmes sentiments (Phil 2,5).

Chaque fois la Communauté, revenant au Seigneur, fait sienne la demande du disciple anonyme: "Seigneur, apprends-nous à prier" (Lc 11,1). Et Jésus, maître de prière, continue à répondre: "Quand vous priez, dites: Abbà, Père".

Quand on prie, même dans le secret de son propre coeur, on n'est jamais isolés ou orphelins; on est de toute façon membres de la famille du Seigneur. dans la prière commune apparaît clairement, outre le mystère de la filiation, également celui de la fraternité.

Les Communautés de Sant'Egidio répandues à travers le monde se rassemblent dans les divers lieux choisis pour la prière et présentent au Seigneur les espérances et les douleurs des "foules désemparées et abattues" dont parle l'évangile (Mt 9,36). Dans ces foules anciennes sont inclus les habitants des villes contemporaines, les pauvres mis aux marges de la vie, tous ceux qui attendent d'être pris à la journée (Mt 20).

La prière commune recueille le cri, l'aspiration, le désir de paix, de guérison, de sens et de salut que vivent les hommes et les femmes de ce monde. La prière n'est jamais vide. Elle monte incessante vers le Seigneur afin qu'il change les pleurs en joie, le désespoir en allégresse, l'angoisse en espérance, la solitude en communion. Et que le Règne de Dieu vienne vite parmi les hommes.