Parole de Dieu chaque jour

Le jour du Seigneur
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Le jour du Seigneur

XXVIIe Dimanche du Temps Ordinaire Lire plus

Libretto DEL GIORNO
Le jour du Seigneur

Homélie

Depuis trois dimanches, les Écritures nous parlent de la vigne. Lorsque Jésus prononçait ces discours, ses auditeurs entendaient en écho les nombreux textes de l’Ancien Testament relatifs à la vigne du Seigneur. La prière évocatrice du Psaume leur revenait à l’esprit : « Dieu de l’univers, reviens ! Du haut des cieux, regarde et vois : visite cette vigne, protège-là, celle qu’a plantée ta main puissante » (Ps 80,15-16). Ils savaient bien que la vigne était le peuple du Seigneur comme l’avait dit Isaïe : « La vigne de Yahvé Sabaot est la maison d’Israël ». Les textes soulignent à chaque fois le soin empressé de Dieu ; un soin plein d’attentions, de prévenance, d’inquiétudes, comme peut les avoir un amoureux. En réalité, il s’agit bien d’un amour sans limites de la part du Seigneur. Parfois les auteurs bibliques, s’appuyant sur les sérénades d’amour, transposaient la scène en l’appliquant au Seigneur chantant un chant d’amour pour sa vigne : « Que je chante à mon bien-aimé le chant de mon ami pour sa vigne », écrit Isaïe. Le prophète continue : « Il la bêcha, il l’épierra, il y planta du raison vermeil. Au milieu il bâtit une tour, il y creuse même un pressoir ».
Nous pouvons comparer nos communautés à cette vigne dont parlent les Saintes Écritures. Le Seigneur n’a jamais manqué d’envoyer ses serviteurs en prendre soin, mais nous devons reconnaître que le raisin sauvage ne manque pas. Ce qui ne manque pas, c’est la rudesse de nos actions, l’aridité de notre cœur, l’avarice de nos sentiments, notre dureté à accueillir ceux que le Seigneur nous envoie. Je crois que nous pouvons aussi nous appliquer à nous-mêmes la lamentation du Seigneur sur sa vigne qui ne produit pas de bons fruits : « Que pouvais-je encore faire pour ma vigne que je n’aie fait ? » Le Seigneur s’interroge comme s’il cherchait son hypothétique culpabilité à l’absence de fruits chez nous. Lui qui a certainement travaillé plus que nous continue de se demander s’il doit en faire encore davantage. Pourquoi le Seigneur se pose-t-il la question et nous non ? Sans doute sommes-nous à tel point repliés sur la culture de notre petite haie qu’il ne nous vient même pas à l’esprit de lever les yeux un peu plus haut ; ou bien nous sommes à ce point abrutis par nos lamentations que nous n’entendons plus personne hormis nous-mêmes. Au contraire, nous prenons soin d’éloigner de nos oreilles et de notre cœur les paroles que le Seigneur ne manque pas de nous adresser. Le cœur de cette page évangélique est l’histoire d’un amour sans limites ; celle de Dieu pour sa terre, pour notre vie. Un amour grand, illimité, qui ne craint même pas l’ingratitude et l’inhospitalité des hommes, de ces vignerons rebelles dont parle l’Évangile, auxquels il a confié sa terre. Dans le passage évangélique d’aujourd’hui, il y a comme le développement d’un contraste singulier : l’amour grandit autant que l’inhospitalité, ou l’inverse aussi : l’inhospitalité des hommes grandit d’autant plus qu’augmente l’amour de Dieu pour eux.
Quand arrive le temps de la vendange, le patron envoie ses serviteurs chez les vignerons auxquels il avait confié la gestion de la vigne pour retirer ce qu’ils ont cueilli. La réaction de ces derniers est violente, ils frappent, tuent, lapident les serviteurs. Le patron envoie « de nouveau » d’autres serviteurs, en plus grand nombre encore, mais ils sont confrontés à la même réaction. Il nous semble que nous relisons, dans une synthèse efficace et tragique, l’ancienne et toujours récurrente histoire de l’opposition violente (hors de la tradition judéo-chrétienne aussi) aux « serviteurs » de Dieu, aux hommes de la « parole » (les prophètes), aux justes et aux honnêtes gens de tous lieux et de tous temps, de toutes traditions et cultures, de la part de ceux qui ne veulent servir, comme ces serviteurs « mauvais », qu’eux-mêmes et leur propre profit. Mais le Seigneur – et voici le véritable fil d’espoir qui sous-tend l’histoire des hommes et la sauve – ne diminue pas son amour pour ces hommes violents, au contraire, il l’augmente. « En dernier », le patron envoie son propre fils, croyant qu’ils le respecteront. Mais la fureur des vignerons explose et ils décident de tuer le fils pour en soutirer l’héritage. Ils l’attrapent, le mènent « hors de la vigne » et le tuent. Quand ces paroles furent prononcées, peut-être n’étaient-elles claires que pour Jésus. Aujourd’hui, nous aussi nous comprenons : elles décrivent à la lettre ce qui arrive à Jésus. Il était né hors de Bethléem ; il meurt hors de Jérusalem. Jésus, très lucidement et courageusement, dénonce l’infidélité et l’inhospitalité des serviteurs, qui vont jusqu’à tuer le propre fils du patron.
À la fin de la parabole Jésus demande aux auditeurs ce que le patron fera à ses vignerons. La réponse : il les punira, il leur enlèvera la vigne et il la confiera à d’autres pour qu’ils la fassent fructifier. Dieu attend les fruits. C’est le critère sur la base duquel se fait le transfert de la vigne. La vigne sera confiée à d’autres. Celui qui veut conserver sa vie la perdra. La nôtre se termine quand nous vivons pour nous-mêmes. L’avertissement va au-delà des auditeurs de Jésus pour arriver jusqu’à nous. L’Évangile dit de ne pas se faire d’illusions faciles en revendiquant un droit de propriété inaliénable sur la « vigne » qui est et qui reste à Dieu. Les nouveaux vignerons ne sont qualifiés que par leurs fruits et non par leur simple appartenance. Ce sont les fruits de justice, de piété, de miséricorde, d’amour qui nous font participer du peuple de Dieu. « Tout sarment qui est en moi, mais qui ne porte pas de fruit, mon Père l’enlève », écrit l’Évangile de Jean (15,2). Et encore : « C’est à leurs fruits que vous les reconnaîtrez ».

La prière est le coeur de la vie de la Communauté de Sant'Egidio, sa première "oeuvre". Au terme de la journée chaque Communauté, petite ou grande, se recueille en prière autour du Seigneur pour écouter sa Parole et Lui adresser son invocation. Les disciples ne peuvent pas ne pas rester aux pieds de Jésus, comme Marie de Béthanie, pour choisir "la meilleure part" (Lc 10,42) et apprendre de Lui les mêmes sentiments (Phil 2,5).

Chaque fois la Communauté, revenant au Seigneur, fait sienne la demande du disciple anonyme: "Seigneur, apprends-nous à prier" (Lc 11,1). Et Jésus, maître de prière, continue à répondre: "Quand vous priez, dites: Abbà, Père".

Quand on prie, même dans le secret de son propre coeur, on n'est jamais isolés ou orphelins; on est de toute façon membres de la famille du Seigneur. dans la prière commune apparaît clairement, outre le mystère de la filiation, également celui de la fraternité.

Les Communautés de Sant'Egidio répandues à travers le monde se rassemblent dans les divers lieux choisis pour la prière et présentent au Seigneur les espérances et les douleurs des "foules désemparées et abattues" dont parle l'évangile (Mt 9,36). Dans ces foules anciennes sont inclus les habitants des villes contemporaines, les pauvres mis aux marges de la vie, tous ceux qui attendent d'être pris à la journée (Mt 20).

La prière commune recueille le cri, l'aspiration, le désir de paix, de guérison, de sens et de salut que vivent les hommes et les femmes de ce monde. La prière n'est jamais vide. Elle monte incessante vers le Seigneur afin qu'il change les pleurs en joie, le désespoir en allégresse, l'angoisse en espérance, la solitude en communion. Et que le Règne de Dieu vienne vite parmi les hommes.