Parole de Dieu chaque jour

Le jour du Seigneur
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Le jour du Seigneur

21e Dimanche du Temps Ordinaire Lire plus

Libretto DEL GIORNO
Le jour du Seigneur
Dimanche 26 août

Homélie

Le texte évangélique de ce dimanche clôt le « discours du pain » que Jésus a prononcé dans la synagogue de Capharnaüm. Ils étaient nombreux à l’entendre, en plus de ses disciples. Dimanche dernier, l’évangéliste nous a déjà montré la réaction d’incrédulité de la foule. Les paroles de Jésus soutenant qu’il « était », lui, le pain et non qu’il « avait » du pain, n’ont pas été accueillies par la foule qui quitta presque aussitôt la synagogue. C’est maintenant au tour des disciples de réagir, c’est-à-dire deux qui avaient une certaine familiarité avec Jésus, car ils l’avaient suivi et l’avaient donc entendu parler à plusieurs reprises, en plus d’avoir été témoins de nombreux miracles. Pourtant, eux aussi, se joignent à l’incrédulité de la foule qui ne se gêne pas d’affirmer : « Ce qu’il dit là est intolérable, on ne peut pas continuer à l’écouter ! ». Si l’on se fie au texte grec, la réaction des disciples souligne l’aspect incompréhensible de ce qui a été dit, presque une offense à l’intelligence. En vérité, la critique des disciples ne portait pas sur les déclarations comportant les expressions « manger la chair » et « boire le sang » de Jésus (ce qu’autrefois la théologie appelait « l’interprétation de Capharnaüm »). Leurs murmures concernaient plutôt la substance du discours de Capharnaüm, c’est-à-dire le fait que l’intimité avec Dieu passe nécessairement par ce pain qui était « la vraie chair » de Jésus. Il ne s’agissait donc pas uniquement de mots difficiles à accepter ou de fragments de vérité difficiles à croire. Le cœur du problème, mais aussi le nœud absolument central du message évangélique, était - et est - autre : c’est le choix d’une intimité exclusive avec Dieu qui passe par un rapport personnel avec Jésus. Le scandale est toujours le même : comment se fait-il que cette chair puisse donner en partage la vie éternelle ? En d’autres termes, comment se fait-il que, pour entrer en contact direct avec Dieu, il faille passer par Jésus, un homme bon certainement, mais homme toujours et qui plus est un homme qu’ils connaissaient depuis son enfance ? Est-il possible, ainsi qu’il l’a répété, que l’amitié avec lui soit l’amitié avec Dieu ? Ces questionnements, qui s’agitaient peut-être dans l’esprit des disciples, ce jour-là, devant un Évangile si clair, ont fait mûrir en eux la décision de le quitter.
Il ne fait pas de doute que le discours de Jésus a poussé ses auditeurs à faire un choix. Il s’agissait pour eux de choisir de quel côté ils voulaient être : avec Jésus ou pas. C’était un moment crucial pour la mission même de Jésus. Dans la synagogue de Capharnaüm, se présentait, en somme, d’une façon nouvelle mais avec la même radicalité, ce qui arriva au peuple d’Israël lorsqu’il parvint à Sichem, cœur de la terre promise et siège d’un sanctuaire national lié à la mémoire des patriarches. Josué rassembla toutes les tribus et leur demanda : « Choisissez aujourd’hui qui vous voulez servir » : les idoles païennes ou ce Dieu qui vous a libérés de l’esclavage d’Égypte ? Et le peuple répondit : « Plutôt mourir que d’abandonner le Seigneur pour servir d’autres dieux ! ...Nous aussi, nous voulons servir le Seigneur, car il est notre Dieu ! ». Ce fut pour Israël un choix décisif, alors qu’il allait entrer en possession de la terre que Dieu lui accordait. Et, ce jour-là, ils firent le bon choix. Il n’en fut pas ainsi pour les disciples de Jésus dans la synagogue de Capharnaüm. Ils n’avaient pas compris que cette « chair » était « esprit », que cet homme parlait la langue du ciel, qu’il venait de Dieu et conduisait à Dieu. L’intimité avec lui était vraiment l’intimité avec Dieu. Mais c’est justement cette proposition, ce cœur de l’Évangile, qui leur paraissait inacceptable. Ils auraient consenti à un Dieu puissant bien que lointain. Mais jamais ils ne pouvaient accepter un Dieu proche au point de se donner en nourriture aux hommes. « A partir de ce moment, beaucoup de ses disciples s’en allèrent et cessèrent de marcher avec lui », observe l’évangéliste non sans amertume.
Pour Jésus, l’annonce d’une telle intimité constituait l’Évangile, c’est-à-dire cette bonne nouvelle à communiquer à tous, jusqu’aux limites de la terre. Et, bien sûr, il ne pouvait pas y renoncer. Il était venu exactement pour cela : libérer les hommes de l’esclavage du Mal et du péché, de la solitude et de la mort. S’il avait tu une telle annonce, il aurait trahi la mission même que le Père lui avait confiée. Nous pouvons imaginer quelles pensées traversaient l’esprit de Jésus à cette heure ! Il se peut qu’il ait même pensé à l’échec de son œuvre. Il se tourna donc vers les « Douze » (c’est la première fois que le terme apparaît dans le quatrième évangile) et, avec un regard tendre et ferme qui a dû frapper le petit nombre de ceux qui étaient restés, il leur demanda : « Voulez-vous partir vous aussi ? ». C’est l’un des moments les plus graves de la vie de Jésus. Il aurait pu rester seul, malgré le travail exténuant qu’il avait fourni pour rassembler autour de lui le premier noyau du nouveau peuple. Cela aurait constitué un cuisant échec, qui aurait mis l’ensemble de sa mission à rude épreuve. Les choses s’étaient mieux passées, pourrait-on dire, pour Josué. Quant à Jésus, il ne pouvait pas renier le cœur de son Évangile, ni l‘adapter. Il n’y avait pas de négociation au sujet du au rapport d’amour exclusif avec Dieu. « On ne peut servir deux maîtres » dit Jésus ailleurs dans l’Évangile. Dans la synagogue, tous sont peut-être partis sauf les Douze. Nous ne connaissons pas leurs sentiments, leurs peurs, leurs doutes ; ils durent s’émouvoir face au discours passionné de ce Maître qu’ils avaient appris à suivre et à comprendre. Pierre prit la parole au nom de tous et il dit : « Seigneur, vers qui pourrions-nous aller ? Tu as les paroles de la vie éternelle ». Il n’a pas dit : « où ? » mais « vers qui » pourrions-nous aller ? Par ses paroles, Pierre soulignait ce rapport d’intimité qui est le propre de la foi du disciple, bien plus, de sa vie tout entière. Pour eux, Jésus était une référence, sans comparaison possible : il était supérieur à tout autre maître ; lui seul avait « les paroles de la vie éternelle ».
Au nom des présents, mais aussi de ceux qui viendront, Pierre a répondu à Jésus qu’il était leur Sauveur. C’est pour cela qu’ils resteront avec lui et le suivront. Ils n’ont pas tout compris, mais ils ont pressenti l’unicité et la valeur du rapport avec Jésus. Personne n’avait jamais parlé comme lui, personne ne les avait aimés avec autant de passion, personne n’avait touché si profondément leur cœur, personne ne leur avait confié la tâche ni transmis l’énergie qu’il leur avait données. Comment pouvaient-ils l’abandonner ? A la différence des disciples qui « cessèrent de marcher avec lui », Pierre et les onze autres ont continué de le suivre, de l’écouter, de l’aimer comme ils en étaient capables. Leurs mesquineries ne disparurent pas. Le salut de ces Douze-là, celui des disciples de tous les temps, ne tient pas au fait de ne pas avoir de défauts ni de fautes, mais uniquement au fait de suivre Jésus. Du reste, où trouveraient-ils un autre maître tel que lui ? La réponse de Pierre révèle toute cette force d’attraction de Jésus en même temps que l’adhésion aimante de l’apôtre. Les mots de Pierre gardent leur valeur aujourd’hui encore. Vraiment, nous aussi, vers qui pourrions-nous aller pour trouver les paroles de la vie ?

La prière est le coeur de la vie de la Communauté de Sant'Egidio, sa première "oeuvre". Au terme de la journée chaque Communauté, petite ou grande, se recueille en prière autour du Seigneur pour écouter sa Parole et Lui adresser son invocation. Les disciples ne peuvent pas ne pas rester aux pieds de Jésus, comme Marie de Béthanie, pour choisir "la meilleure part" (Lc 10,42) et apprendre de Lui les mêmes sentiments (Phil 2,5).

Chaque fois la Communauté, revenant au Seigneur, fait sienne la demande du disciple anonyme: "Seigneur, apprends-nous à prier" (Lc 11,1). Et Jésus, maître de prière, continue à répondre: "Quand vous priez, dites: Abbà, Père".

Quand on prie, même dans le secret de son propre coeur, on n'est jamais isolés ou orphelins; on est de toute façon membres de la famille du Seigneur. dans la prière commune apparaît clairement, outre le mystère de la filiation, également celui de la fraternité.

Les Communautés de Sant'Egidio répandues à travers le monde se rassemblent dans les divers lieux choisis pour la prière et présentent au Seigneur les espérances et les douleurs des "foules désemparées et abattues" dont parle l'évangile (Mt 9,36). Dans ces foules anciennes sont inclus les habitants des villes contemporaines, les pauvres mis aux marges de la vie, tous ceux qui attendent d'être pris à la journée (Mt 20).

La prière commune recueille le cri, l'aspiration, le désir de paix, de guérison, de sens et de salut que vivent les hommes et les femmes de ce monde. La prière n'est jamais vide. Elle monte incessante vers le Seigneur afin qu'il change les pleurs en joie, le désespoir en allégresse, l'angoisse en espérance, la solitude en communion. Et que le Règne de Dieu vienne vite parmi les hommes.