Parole de Dieu chaque jour

Jeudi saint
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Jeudi saint

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Mémoire de la dernière Cène et du Lavement des pieds.
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Libretto DEL GIORNO
Jeudi saint
Jeudi 28 mars

Homélie

« J’ai tant désiré manger cette Pâque avec vous, avant de souffrir » (Lc 22, 15), dit Jésus à ses disciples, au début de leur dernier repas avant de mourir. En vérité, pour Jésus, il s’agit d’un désir de toujours; et ce soir-là aussi, il veut demeurer avec les siens: ses disciples d’hier et ceux d’aujourd’hui, y compris nous-mêmes. C’est son dernier jour de vie, son dernier soir, la dernière fois qu’il est au milieu de ses disciples. Il les avait choisis, instruits, aimés, défendus. Jésus n’a que trente-trois ans ; il est dans la force de son âge. Pourtant, dans moins de vingt-quatre heures, il sera dans un sépulcre. Le Seigneur désire ardemment être avec nous ce soir. Et nous ? Voulons-nous rester près de lui au moins un moment ? Saurons-nous lui offrir ce peu de compagnie et d’affection dont notre cœur est encore capable ? Si nous regardons la réalité en face, nous devons admettre que c’est lui qui a toujours tout fait pour être proche de nous, pour nous attacher à son Évangile. Combien de fois, ainsi que le chante une hymne ancienne, « quaerens me, sedisti lassus » (« tu t’es assis épuisé à force de courir après moi ») ? Ce soir, le dernier soir de sa vie, Jésus, dans un suprême élan d’amour, continue de s’attacher à jamais à ses disciples.
Nous venons d’entendre des Saintes Écritures qu’il s’est mis à table avec les Douze, qu’il a pris le pain et l’a distribué en disant : « Ceci est mon corps, qui est pour vous ». Il a fait de même avec la coupe de vin : « Ceci est mon sang, versé pour vous ». Ce sont les mots que nous prononcerons tout à l’heure à l’autel et c’est le même Seigneur qui invitera chacun de nous à se nourrir du pain et du vin consacrés. On pourrait dire que Jésus a inventé l’impossible (du reste, l’amour ne sait-il pas créer des choses impossibles ?) afin de demeurer auprès de nous, de continuer à être proche des disciples de tous les temps. Et être proche ne suffit pas, il va jusqu’à être au-dedans de ses disciples : il devient pour nous nourriture, chair de notre chair. Ce pain et ce vin sont la nourriture descendue du ciel pour nous, hommes et femmes pèlerins sur les routes de ce monde. Ce pain et ce vin sont un remède et un soutien pour notre pauvre vie : ils soignent nos maladies, nous délivrent des péchés, nous soulagent au milieu des angoisses et de la tristesse. Ce n’est pas tout. Ils nous rendent plus semblables à Jésus, ils nous aident à vivre comme il vivait lui, à désirer les choses qu’il désirait lui. Ce pain et ce vin font monter dans nos cœurs des sentiments de bonté de service, d’affection, de pardon. Justement : les sentiments mêmes de Jésus.
La scène évangélique du lavement des pieds qui nous a été annoncée ce soir montre ce que cela signifie pour Jésus d’être pain rompu et vin versé pour nous et pour tous. Au cours de ce repas, Jésus se lève de table, dépose ses vêtements, ceint ses flancs d’un linge, puis il prend un bassin avec de l’eau, va vers l’un des Douze, s’agenouille devant lui et lui lave les pieds. Puis il fait de même pour chaque disciple, y compris Judas qui va le livrer. Jésus le sait bien, mais il s’agenouille aussi devant lui pour lui laver les pieds. Pierre, serait-il le dernier Dès qu’il voit Jésus à ses côtés, il s’exclame aussitôt : « Toi, Seigneur, tu veux me laver les pieds ? ». Pauvre Pierre, il n’a encore rien compris ! Il n’a pas compris que Jésus ne s’intéresse pas à cette dignité que le monde désire et que le disciple recherche anxieusement. Une fois de plus, Jésus le lui explique : « Quel est en effet le plus grand, celui qui est à table ou celui qui sert ? N’est-ce pas celui qui est à table ? Et moi, je suis au milieu de vous comme celui qui sert ! » (Lc 22, 27). Jésus aime ses disciples, ainsi que chacun de nous, d’un amour sans limite, littéralement sans fin. La dignité ne consiste pas pour lui à demeurer debout, droit devant les siens ; mais sa dignité c’est d’aimer ses disciples jusqu’à la fin, de s’agenouiller à leurs pieds. C’est là la dernière grande leçon de sa vie : « Comprenez-vous ce que je vous ai fait ? – dit-il après leur avoir lavé les pieds – Vous m’appelez Maître et Seigneur, et vous dites bien, car je le suis. Si donc je vous ai lavé les pieds, moi le Seigneur et le Maître, vous aussi vous devez vous laver les pieds les uns aux autres. Car c’est un exemple que je vous ai donné, pour que vous fassiez, vous aussi, comme moi j’ai fait pour vous » (Jn 13, 12-15).
Le monde nous enseigne à nous tenir debout et il nous exhorte tout le temps à rester debout. S’il n’y a pas assez de place, il justifie même les coups donnés pour écarter ceux qui nous gênent ou qui nous font obstacle. L’Évangile du Jeudi saint exhorte les disciples de Jésus à se pencher pour se laver les pieds les uns aux autres. C’est un commandement nouveau. Nous ne le trouvons pas parmi les hommes. Il ne vient pas de nos traditions qui, toutes, s’y opposent fermement. Ce commandement nous vient de Dieu ; c’est un grand don que nous recevons ce soir. Jésus le premier l’a appliqué. Heureux sommes-nous si nous le comprenons ! Dans la Sainte Liturgie de ce soir, le lavement des pieds n’est qu’un signe, une indication de la route à suivre : nous laver les pieds les uns aux autres, à commencer par les plus faibles, les malades, les personnes âgées, les plus pauvres et sans défense. Le Jeudi saint nous apprend comment vivre et par où commencer à vivre : la vie véritable ne consiste pas à rester debout, tout droit, figés dans notre orgueil ; la vie selon l’Évangile, c’est de se pencher sur ses frères et sœurs en commençant par les plus faibles. C’est un chemin qui vient du ciel, et pourtant, c’est le chemin le plus humain que nous puissions souhaiter. En effet, nous avons tous besoin d’amitié, d’affection, de compréhension, d’accueil, d’aide. Tous, nous avons besoin de quelqu’un qui se penche sur nous, tout comme nous avons besoin de nous pencher sur nos frères et sœurs. Le Jeudi saint est un jour véritablement humain : le jour de l’amour de Jésus qui descend jusqu’aux pieds de ses amis. Et ils sont tous ses amis, y compris celui qui va le livrer. Pour ce qui est de Jésus, personne n’est son ennemi, pour lui, tout est amour. Laver les pieds n’est pas un beau geste, c’est une manière de vivre.
Le repas terminé, Jésus s’achemine vers le jardin des Oliviers. Dès cet instant, il ne s’agenouille pas seulement aux pieds de ses disciples, il descend bien plus bas, si c’est encore possible, afin de montrer son amour. Au jardin des Oliviers, il s’agenouille à nouveau, davantage encore, il se couche à terre et il sue le sang à cause de la douleur et de l’angoisse qu’il éprouve. Laissons-nous être saisis de pitié, au moins un peu, devant cet homme qui nous aime d’un amour jamais vu sur terre. Pendant que nous demeurons auprès du reposoir, disons-lui notre attachement, notre amitié. Quelle est amère la parole qu’il a dite aux trois disciples qui étaient avec lui au jardin : « Ainsi, vous n’avez pas eu la force de veiller une heure avec moi » (Mt 26, 40). Aujourd’hui, plus que jamais, c’est le Seigneur qui a besoin de notre compagnie et de notre proximité. Écoutons sa supplication : « Mon âme est triste à en mourir. Demeurez ici et veillez avec moi » (Mt 26, 38). Penchons-nous sur lui et ne soyons pas avares de la consolation de notre proximité. Seigneur, à cette heure, nous ne te donnerons pas le baiser de Judas ; mais, en pauvres pécheurs, nous nous penchons sur tes pieds, et, en imitant Madeleine, nous les embrassons longuement avec affection.

La prière est le coeur de la vie de la Communauté de Sant'Egidio, sa première "oeuvre". Au terme de la journée chaque Communauté, petite ou grande, se recueille en prière autour du Seigneur pour écouter sa Parole et Lui adresser son invocation. Les disciples ne peuvent pas ne pas rester aux pieds de Jésus, comme Marie de Béthanie, pour choisir "la meilleure part" (Lc 10,42) et apprendre de Lui les mêmes sentiments (Phil 2,5).

Chaque fois la Communauté, revenant au Seigneur, fait sienne la demande du disciple anonyme: "Seigneur, apprends-nous à prier" (Lc 11,1). Et Jésus, maître de prière, continue à répondre: "Quand vous priez, dites: Abbà, Père".

Quand on prie, même dans le secret de son propre coeur, on n'est jamais isolés ou orphelins; on est de toute façon membres de la famille du Seigneur. dans la prière commune apparaît clairement, outre le mystère de la filiation, également celui de la fraternité.

Les Communautés de Sant'Egidio répandues à travers le monde se rassemblent dans les divers lieux choisis pour la prière et présentent au Seigneur les espérances et les douleurs des "foules désemparées et abattues" dont parle l'évangile (Mt 9,36). Dans ces foules anciennes sont inclus les habitants des villes contemporaines, les pauvres mis aux marges de la vie, tous ceux qui attendent d'être pris à la journée (Mt 20).

La prière commune recueille le cri, l'aspiration, le désir de paix, de guérison, de sens et de salut que vivent les hommes et les femmes de ce monde. La prière n'est jamais vide. Elle monte incessante vers le Seigneur afin qu'il change les pleurs en joie, le désespoir en allégresse, l'angoisse en espérance, la solitude en communion. Et que le Règne de Dieu vienne vite parmi les hommes.