Parole de Dieu chaque jour

Le jour du Seigneur
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Le jour du Seigneur

29e dimanche du Temps Ordinaire Lire plus

Libretto DEL GIORNO
Le jour du Seigneur
Dimanche 20 octobre

Homélie

Nous nous acheminons vers la conclusion de l’année liturgique. Elle a été ce temps où, de dimanche en dimanche, nous avons été amenés à contempler le mystère de Jésus. Nos semaines, nos jours ont, pour ainsi dire, levé, par l’action de ce ferment qu’est la Parole de Dieu. Ce dimanche encore, nous recevons le même don qui s’enracine dans notre vie de tous les jours. C’est la courte parabole de la veuve importune : une situation typique, et pas seulement d’après les coutumes juridiques de l’Ancien Testament. De nos jours encore, il n’est pas rare de voir un puissant s’appuyer sur des subtilités du droit pour arracher à des pauvres sans défense le peu qu’ils ont. Pour reprendre la parabole évangélique, le juge aurait dû défendre cette pauvre femme d’une manière prompte et impartiale. Mais le magistrat se conduit de façon exactement opposée. Il ne respecte ni Dieu ni les hommes : « Il y avait dans une ville un juge qui ne respectait pas Dieu et se moquait des hommes » (Lc 18, 2). D’une certaine manière, on représente ici cette arrogance du pouvoir que nous rencontrons souvent dans l’histoire des hommes. Le prophète Isaïe l’avait déjà dénoncée : « Malheur à ceux qui décrètent des décrets d’iniquité, qui écrivent des rescrits d’oppression pour priver les faibles de justice et frustrer de leur droit les humbles de mon peuple, pour faire des veuves leur butin et dépouiller les orphelins » (Is 10, 1-2).
C’est à ce moment que commence l’histoire dont la parabole nous fait le récit : que fera cette pauvre veuve dans cette situation d’injustice patente ? De plus, dans le monde juif, les femmes étaient le symbole même de la faiblesse, exposées à tous les abus. Dieu lui-même se fait leur défenseur ; de fait, il est invoqué comme « défenseur des veuves », de ces femmes désormais privées de la protection de leur mari (Ps 67/68, 6). Toujours est-il que cette femme ne se résigne pas à l’injustice comme les femmes avaient généralement l’habitude de le faire. Elle était certes une victime, mais ne se résignant nullement à le demeurer. De fait, elle allait voir le juge pour réclamer avec insistance qu’il lui rende justice. Elle ne l’a pas fait une fois seulement, mais plusieurs fois. Avec ténacité, elle ne se lassait pas d’exiger ce qui était juste, jusqu’à ce que le juge se décidât à étudier son cas. « Puis il se dit : “Je ne respecte pas Dieu et je me moque des hommes, mais cette femme commence à m’ennuyer : je vais lui rendre justice pour qu’elle ne revienne plus sans cesse me casser la tête” » (v. 4-5). C’est ainsi que se clôt la parabole. Les brèves remarques conclusives de Jésus sont elles aussi significatives. Elles semblent d’abord déconcertantes, puisqu’elles mettent en parallèle le juge de la parabole et Dieu lui-même. Il s’agit d’un paradoxe, utilisé à d’autres endroits des Évangiles, pour ôter de nos esprits toute hésitation : « Écoutez bien ce que dit ce juge sans justice ! Dieu ne fera-t-il pas justice à ses élus qui crient vers lui jour et nuit ? Est-ce qu’il les fera attendre ? Je vous le déclare : sans tarder, il leur fera justice » (v. 7-8). Oui, Dieu ne nous fera pas attendre longtemps, il nous fera justice promptement (certains traduisent « à l’improviste », « lorsqu’on s’y attend le moins »), si nous lui adressons notre prière avec instance. Les croyants trouvent en effet dans la prière une force incroyable, une énergie capable de changer le monde. Nous sommes peut-être tous comme cette pauvre veuve, faibles et sans aucun pouvoir particulier; et pourtant cette faiblesse devient une force remarquable, grâce à la prière insistante, comme ce fut le cas pour cette veuve qui parvint à faire brèche dans la dureté du juge.
Malheureusement, nous tombons facilement dans la méfiance et dans l’incrédulité, et nous nous laissons emporter par les choses de ce monde, nos anxiétés, nos richesses, oubliant ainsi la prière. La première lecture de la liturgie, tirée du livre de l’Exode (17, 8-13), est un exemple merveilleux de cette « force faible » de la prière. L’Écriture nous présente la figure de Moïse les mains levées vers le ciel, tandis qu’Israël livre bataille contre Amalec, dans la plaine de Rephidim. Moïse personnifie le peuple tout entier qui tient en prière. Lorsqu’il prie, le peuple d’Israël gagne, dès qu’il baisse les bras, c’est aussitôt l’ennemi qui l’emporte. Aaron et Hour interviennent, d’un côté et de l’autre, pour soutenir ses mains jusqu’à l’heure de la victoire finale. Dans une prière constante, nous pouvons trouver les fondements pour construire notre vie de croyants et édifier la ville des hommes, avec cette même assurance que proclame le psaume126/127 : « Si le Seigneur ne bâtit la maison, en vain peinent les maçons » (v. l).

La prière est le coeur de la vie de la Communauté de Sant'Egidio, sa première "oeuvre". Au terme de la journée chaque Communauté, petite ou grande, se recueille en prière autour du Seigneur pour écouter sa Parole et Lui adresser son invocation. Les disciples ne peuvent pas ne pas rester aux pieds de Jésus, comme Marie de Béthanie, pour choisir "la meilleure part" (Lc 10,42) et apprendre de Lui les mêmes sentiments (Phil 2,5).

Chaque fois la Communauté, revenant au Seigneur, fait sienne la demande du disciple anonyme: "Seigneur, apprends-nous à prier" (Lc 11,1). Et Jésus, maître de prière, continue à répondre: "Quand vous priez, dites: Abbà, Père".

Quand on prie, même dans le secret de son propre coeur, on n'est jamais isolés ou orphelins; on est de toute façon membres de la famille du Seigneur. dans la prière commune apparaît clairement, outre le mystère de la filiation, également celui de la fraternité.

Les Communautés de Sant'Egidio répandues à travers le monde se rassemblent dans les divers lieux choisis pour la prière et présentent au Seigneur les espérances et les douleurs des "foules désemparées et abattues" dont parle l'évangile (Mt 9,36). Dans ces foules anciennes sont inclus les habitants des villes contemporaines, les pauvres mis aux marges de la vie, tous ceux qui attendent d'être pris à la journée (Mt 20).

La prière commune recueille le cri, l'aspiration, le désir de paix, de guérison, de sens et de salut que vivent les hommes et les femmes de ce monde. La prière n'est jamais vide. Elle monte incessante vers le Seigneur afin qu'il change les pleurs en joie, le désespoir en allégresse, l'angoisse en espérance, la solitude en communion. Et que le Règne de Dieu vienne vite parmi les hommes.