Parole de Dieu chaque jour

Le jour du Seigneur
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Le jour du Seigneur

21e dimanche du Temps Ordinaire Lire plus

Libretto DEL GIORNO
Le jour du Seigneur
Dimanche 23 août

Homélie

Le passage évangélique de ce dimanche clôt le « discours du pain de vie » que Jésus a prononcé dans la synagogue de Capharnaüm. Nombreux étaient ceux qui l’avaient entendu, en plus de ses disciples. Dans le passage que nous avons lu dimanche dernier, l’évangéliste nous a déjà montré la réaction d’incrédulité de la foule. Les paroles de Jésus disant qu’il était le pain - et non qu’il avait du pain – n’ont pas été accueillies par la foule qui a aussitôt quitté la synagogue. L’évangéliste présente maintenant la réaction des disciples, c’est-à-dire de ceux qui avaient une certaine familiarité avec Jésus, parce qu’ils l’avaient suivi et entendu parler à plusieurs reprises, en plus d’avoir été témoins de nombreux miracles de sa part. Pourtant, eux aussi s’associent à l’incrédulité de la foule qui n’a pas honte d’affirmer : « Ce qu’il dit là est intolérable, on ne peut pas continuer à l’écouter ». D’après le texte grec, la réaction des disciples souligne l’aspect incompréhensible de ce qui est dit, comme s’il s’agissait d’un affront à la raison. En réalité, la critique des disciples ne portait pas sur les affirmations concernant la chair de Jésus à manger et son sang à boire (cette interprétation que l’ancienne théologie appelait « capharnaïte »).
Leurs murmures portaient sur la substance du discours de Capharnaüm, autrement dit sur le fait même que l’on ne puisse entrer dans l’intimité avec Dieu qu’en passant par ce pain qui était la vraie chair de Jésus. Il ne s’agissait pas tant de paroles difficiles à accepter ou de fragments de vérité difficiles à croire. Le nœud du problème (pourtant central pour le message évangélique) résidait ailleurs : dans le fait que l’intimité exclusive avec Dieu passe par une relation personnelle avec Jésus. Le scandale est toujours le même : comment est-il possible que cette chair puisse donner la vie éternelle ? Ou bien, en des termes encore plus clairs, comment se fait-il que, pour entrer en contact direct avec Dieu, il faille passer par Jésus, un homme bon sans doute, mais tout de même un homme, et qui plus est, que tous connaissaient depuis l’enfance ? Est-il possible, comme il le dit, que l’amitié avec lui soit aussi – et directement - l’amitié avec Dieu ? Ces questions qui se bousculaient sans doute déjà dans l’esprit des disciples ce jour-là (devant un Évangile aussi clair) ont fait mûrir en eux la décision de le quitter.
Il est certain que le discours de Jésus acculait ses auditeurs à une décision : il leur fallait choisir s’ils voulaient être avec Jésus ou bien vivre comme auparavant. Pour Jésus lui-même, c’était un moment crucial. Dans la synagogue de Capharnaüm, d’une manière nouvelle, mais avec une même radicalité, se déroulait ce qui s’était passé lorsque le peuple d’Israël parvint à Sichem, cœur de la terre promise et siège d’un sanctuaire national lié à la mémoire des patriarches. Josué a rassemblé toutes les tribus et leur a dit : « Choisissez aujourd’hui qui vous voulez servir » entre les idoles païennes et le Dieu libérateur de la servitude d’Égypte. Le peuple répondit : « Plutôt mourir que d’abandonner le Seigneur pour servir d’autres dieux. C’est le Seigneur notre Dieu… ». Le choix fut décisif pour Israël, au moment où il allait prendre possession de la terre que Dieu lui avait donnée. Et ce jour-là, ils firent le bon choix.
Il n’en fut pas ainsi pour les disciples de Jésus dans la synagogue de Capharnaüm. Ils n’avaient pas compris que cette « chair » était « esprit », que cet homme-là parlait la langue du ciel, qu’il venait de Dieu et conduisait à Dieu. Vraiment l’intimité vécue avec lui était vécue avec Dieu. Mais justement, cette proposition qui est le cœur de l’Évangile était inacceptable pour eux. Ils auraient volontiers adhéré à un dieu puissant et lointain. Mais jamais ils n’accepteraient un Dieu proche au point de devenir nourriture pour les hommes. « À partir de ce moment beaucoup de ses disciples s’en allèrent et cessèrent de marcher avec lui », observe l’évangéliste non sans amertume. Pour Jésus, c’est l’annonce d’une telle intimité qui constitue l’Évangile, c’est-à-dire la bonne nouvelle à répandre jusqu’aux extrémités de la terre. Et, naturellement, il ne pouvait y renoncer. Il était précisément venu pour cela, pour délivrer les hommes de l’esclavage du mal et du péché, de la solitude et de la mort. S’il avait tu cette annonce, il aurait trahi la mission même que le Père lui avait confiée. Nous pouvons imaginer quelles pensées traversaient l’esprit de Jésus à ce moment-là ! Il aura sans doute pressenti l’échec imminent de toute son œuvre.
Jésus se tourne donc vers les Douze (c’est la première fois que ce terme apparaît dans l’Évangile) avec un regard tendre et décidé qui a dû frapper le petit groupe qui l’entourait. Et il leur demanda : « Voulez-vous partir vous aussi ? ». C’est un moment parmi les plus graves dans la vie de Jésus. Celui-ci aurait pu demeurer seul malgré le travail immense qu’il avait fait pour rassembler autour de lui le premier noyau du peuple nouveau. Cela aurait été un cuisant échec, qui aurait mis toute sa mission à dure épreuve. Il ne pouvait cependant pas renier le cœur de son Évangile. Il n’y a pas d’alternative lorsqu’il s’agit du rapport d’amour exclusif avec Dieu. « Personne ne peut servir deux maîtres », dit Jésus ailleurs dans l’Évangile. Dans la synagogue, tous sont peut-être partis excepté les Douze. Nous ne savons pas quels étaient leurs sentiments, leurs peurs, leurs doutes ; ce qui est certain, c’est qu’ils se sont émus devant les propos passionnés de ce maître qu’ils avaient appris à suivre et à comprendre. Pierre prit la parole au nom d’eux tous et dit : « Seigneur, vers qui pourrions-nous aller ? Tu as les paroles de la vie éternelle ». Il ne dit pas « où? », mais « vers qui pourrions-nous aller? ». Par ces mots, Pierre soulignait le rapport d’intimité avec Jésus qui caractérise la foi du disciple, bien plus, toute sa vie. Pour les disciples, Jésus était une référence sans comparaison aucune. Il dépassait tout maître ; lui seul avait des paroles de vie éternelle.
Au nom de tous ceux qui étaient présents et même de ceux qui viendront, Pierre répond que Jésus est leur sauveur. C’est pour cela qu’ils restent avec lui et qu’ils le suivent. Ils n’ont pas tout compris, mais ils ont deviné combien leur relation avec Jésus est précieuse et unique. Personne n’avait jamais parlé comme lui, ne les avait jamais aimés avec autant de passion, n’avait touché aussi profondément leur cœur, ne leur avait encore transmis la tâche et la force que Jésus leur donnait. Comment pouvaient-ils l’abandonner ? À la différence de ces disciples qui « cessèrent de marcher avec lui », Pierre et les autres onze ont continué à le suivre, à l’écouter, à l’aimer autant qu’ils pouvaient. Leurs mesquineries n’ont pas disparu. Le salut, pour ces douze-là - autant que pour les disciples de tous les temps - n’est pas dans le fait d’être sans défaut ou sans faute, mais uniquement dans le fait de suivre Jésus. Où trouver, d’ailleurs, un maître comme lui? La réponse de Pierre manifeste toute la force d’attraction de Jésus ainsi que l’adhésion affectueuse de l’apôtre. Les mots de Pierre gardent toute leur puissance aujourd’hui encore. Vraiment, où irions-nous nous-mêmes pour trouver des paroles de vie ?

La prière est le coeur de la vie de la Communauté de Sant'Egidio, sa première "oeuvre". Au terme de la journée chaque Communauté, petite ou grande, se recueille en prière autour du Seigneur pour écouter sa Parole et Lui adresser son invocation. Les disciples ne peuvent pas ne pas rester aux pieds de Jésus, comme Marie de Béthanie, pour choisir "la meilleure part" (Lc 10,42) et apprendre de Lui les mêmes sentiments (Phil 2,5).

Chaque fois la Communauté, revenant au Seigneur, fait sienne la demande du disciple anonyme: "Seigneur, apprends-nous à prier" (Lc 11,1). Et Jésus, maître de prière, continue à répondre: "Quand vous priez, dites: Abbà, Père".

Quand on prie, même dans le secret de son propre coeur, on n'est jamais isolés ou orphelins; on est de toute façon membres de la famille du Seigneur. dans la prière commune apparaît clairement, outre le mystère de la filiation, également celui de la fraternité.

Les Communautés de Sant'Egidio répandues à travers le monde se rassemblent dans les divers lieux choisis pour la prière et présentent au Seigneur les espérances et les douleurs des "foules désemparées et abattues" dont parle l'évangile (Mt 9,36). Dans ces foules anciennes sont inclus les habitants des villes contemporaines, les pauvres mis aux marges de la vie, tous ceux qui attendent d'être pris à la journée (Mt 20).

La prière commune recueille le cri, l'aspiration, le désir de paix, de guérison, de sens et de salut que vivent les hommes et les femmes de ce monde. La prière n'est jamais vide. Elle monte incessante vers le Seigneur afin qu'il change les pleurs en joie, le désespoir en allégresse, l'angoisse en espérance, la solitude en communion. Et que le Règne de Dieu vienne vite parmi les hommes.