Parole de Dieu chaque jour

Mercredi des Cendres
Parole de dieu chaque jour

Mercredi des Cendres

Mercredi des Cendres
Mémoire de sainte Scholastique (480 ca. – 547 ca.), sœur de saint Benoît. Avec elle, nous nous souvenons des ermites, des moniales et des femmes qui suivent le Seigneur.
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Libretto DEL GIORNO
Mercredi des Cendres
Mercredi 10 février

Homélie

Le Temps du Carême, chargé d’histoire, semble malheureusement se vider de plus en plus de son sens dans un monde distrait où même le carnaval monopolise plus d’attention. C’est un temps devenu faible par rapport aux temps forts des intérêts personnels, des intérêts des groupes ou des nations. Un temps qui n’a plus d’importance, plus de visibilité. Pourtant, l’homme et le monde ont un immense besoin du « non-sens » du Temps du Carême. Les Églises chrétiennes sont appelées à conjurer le risque d’appauvrissement de la « force » de ces quarante jours de pénitence, de jeûne, d’aumône et de prière. L’année jubilaire fait du Carême un temps particulièrement opportun pour comprendre et accueillir la miséricorde de Dieu. Le prophète Joël, dans cette perspective, rapporte l’invitation de Dieu : « Revenez à moi de tout votre cœur, dans le jeûne, les pleurs et les cris de deuil » (Jl 2, 12). Le prophète, préoccupé par l’insensibilité du peuple d’Israël, commentait ainsi l’appel de Dieu : « Déchirez votre cœur, et non vos vêtements, revenez à Yahvé, votre Dieu, car il est tendresse et pitié, lent à la colère, riche en grâce, et il a regret du mal » (Jl 2, 13). Le Carême est la période idéale pour revenir à Dieu, réfléchir sur soi-même et sur le sens de la vie et du monde, car le Seigneur nous attend. Grande est sa miséricorde. Il est même prêt à changer d’avis, se repentant d’avoir menacé de punir, pour accomplir le bien.
La liturgie s’offre à nous à travers le signe très ancien des cendres qui, méprisé par nos rationalismes et nos envies de modernité, est pourtant si vrai et si actuel. Cette cendre, accompagnée de l’expression biblique « Souviens-toi que tu es poussière et que tu retourneras en poussière » est certes un signe de pénitence et de demande de pardon, mais surtout une évidence : nous sommes tous poussière, nous sommes tous faibles et fragiles. Cet homme qui se dresse et se sent puissant (et chacun de nous a sa manière de se dresser et de se sentir puissant) demain ne sera plus rien. Cet homme (mais aussi cette nation) qui se dresse, se sent fort et dégainera seul les armes risque demain de se sentir tragiquement faible. Nous sommes tous poussière ! Et la cendre sur notre front nous le rappelle, mais pas pour exacerber les peurs et encore moins pour nous pousser à nous éliminer réciproquement. La fragilité et la faiblesse sont des dimensions décisives de la vie chrétienne, même si nous cherchons continuellement à les fuir. Ce sont elles, et non la force, qui nous poussent à chercher ce qui nous unit et à trouver le chemin de la rencontre et de l’entraide. Il est reposant de ne pas toujours devoir faire semblant d’être forts, sans défauts et sans contradictions. Notre véritable force est de prendre conscience de notre faiblesse et de conserver notre humilité et notre douceur : « Heureux les doux, affirme Jésus, car ils posséderont la terre » (Mt 5, 5).
Le signe des cendres est donc plus actuel que jamais. C’est un signe austère, comme l’est également le temps quadragésimal. Il nous est donné pour nous aider à vivre mieux et à comprendre la grandeur de l’amour de Dieu qui a choisi de se lier à des gens faibles et fragiles comme nous. À nous, faibles et fragiles, il a confié le grand don de la paix pour que nous la vivions, la défendions, la construisions. La paix est continuellement dilapidée dans de trop nombreuses régions du monde. Elle est dilapidée dans les souffrances de nombreux peuples écrasés par la violence. Les paroles du prophète Joël résonnent encore aujourd’hui : « Sonnez du cor à Sion ! Prescrivez un jeûne, publiez une solennité, réunissez le peuple, convoquez la communauté, rassemblez les vieillards, réunissez les petits enfants, ceux qu’on allaite au sein ! […] Qu’entre l’autel et le portique pleurent les prêtres, serviteurs de Yahvé ! Or Yahvé s’émut de jalousie pour son pays, il épargna son peuple » (Jl 2, 15-18). C’est comme si le Seigneur était jaloux de sa terre et avait de la compassion pour son peuple ! C’est justement cette jalousie et cette compassion qui font de nous, comme l’écrit Paul aux Corinthiens, des « ambassadeurs du Christ ». C’est en cela que réside notre force : le Seigneur a utilisé la poussière dont nous sommes faits pour nous transformer en « ambassadeurs » de paix et de réconciliation.
Nous autres chrétiens, nous sommes appelés à être des sentinelles de paix, sur nos lieux de vie et de travail. Il nous est demandé de veiller, pour que les consciences ne cèdent pas à la tentation de l’égoïsme, du mensonge et de la violence. Le jeûne et la prière nous transforment en sentinelles attentives et vigilantes pour que nous ne sombrions pas dans le sommeil de la résignation qui fait considérer qu’une guerre est inévitable ; pour que s’éloigne la torpeur de l’acquiescement au mal qui continue d’opprimer le monde ; pour que soit éradiquée la somnolence du réalisme paresseux qui nous replie sur nous-mêmes et sur nos propres intérêts. Dans l’Évangile de ce jour, Jésus exhorte les disciples à jeûner et à prier pour se dépouiller de tout orgueil et de toute arrogance, pour se préparer par la prière à recevoir les dons de Dieu. Nos seules forces ne suffisent pas à éloigner le mal ; nous avons besoin d’invoquer l’aide du Seigneur : lui seul est capable de donner aux hommes la paix qu’ils ne savent pas trouver.

La prière est le coeur de la vie de la Communauté de Sant'Egidio, sa première "oeuvre". Au terme de la journée chaque Communauté, petite ou grande, se recueille en prière autour du Seigneur pour écouter sa Parole et Lui adresser son invocation. Les disciples ne peuvent pas ne pas rester aux pieds de Jésus, comme Marie de Béthanie, pour choisir "la meilleure part" (Lc 10,42) et apprendre de Lui les mêmes sentiments (Phil 2,5).

Chaque fois la Communauté, revenant au Seigneur, fait sienne la demande du disciple anonyme: "Seigneur, apprends-nous à prier" (Lc 11,1). Et Jésus, maître de prière, continue à répondre: "Quand vous priez, dites: Abbà, Père".

Quand on prie, même dans le secret de son propre coeur, on n'est jamais isolés ou orphelins; on est de toute façon membres de la famille du Seigneur. dans la prière commune apparaît clairement, outre le mystère de la filiation, également celui de la fraternité.

Les Communautés de Sant'Egidio répandues à travers le monde se rassemblent dans les divers lieux choisis pour la prière et présentent au Seigneur les espérances et les douleurs des "foules désemparées et abattues" dont parle l'évangile (Mt 9,36). Dans ces foules anciennes sont inclus les habitants des villes contemporaines, les pauvres mis aux marges de la vie, tous ceux qui attendent d'être pris à la journée (Mt 20).

La prière commune recueille le cri, l'aspiration, le désir de paix, de guérison, de sens et de salut que vivent les hommes et les femmes de ce monde. La prière n'est jamais vide. Elle monte incessante vers le Seigneur afin qu'il change les pleurs en joie, le désespoir en allégresse, l'angoisse en espérance, la solitude en communion. Et que le Règne de Dieu vienne vite parmi les hommes.