Une conférence à l’initiative de la Communauté de Sant’Egidio sur le thème « Assise, par les religions, la paix est possible » s’est déroulée jeudi 22 janvier 2015 au Collège des Bernardins, devant une assistance très nombreuse. A l’occasion de la sortie d’un livre portant ce titre, cette rencontre avait lieu significativement quelques jours après la grande « marche républicaine » dans les rues de la capitale à la suite des attentats de Paris. Sous la présidence du père Antoine Guggenheim, plusieurs personnalités religieuses se sont exprimées au cours de la soirée sur le sujet de la rencontre entre les traditions religieuses, un « chemin de dialogue entre religions, cultures et personnes indispensable dans des villes toujours plus complexes » selon les mots d’Andrea Riccardi lors de la dernière rencontre à Anvers en septembre 2014.
Jean-François Bensahel, président de l’Union libérale israélite de France, a rapproché l’Esprit d’Assise de « l’Esprit d’Abraham, pilier de la générosité selon le Talmud » : l’Esprit d’Assise suppose de renoncer au monopole de la vérité pour accueillir l’Autre. Disant sa profonde connaissance et admiration du Cantique des créatures de saint François d’Assise, il a notamment invité chacun à développer sa connaissance des grands textes des autres religions.
Le pasteur Jean-Arnold de Clermont, président honoraire de la Fédération protestante de France est un fidèle participant, depuis la rencontre de Palerme en 2002, aux rencontres internationales de prière pour la Paix organisées par la Communauté de Sant’Egidio. Citant Jean-Paul II, il a rappelé le cœur de l’intuition de la première rencontre d’Assise et des suivantes : se convertir au dessein de Dieu qui est la paix et l’unité, bien au-delà de ma propre religion et même du monde croyant.
Mgr Claude Dagens, évêque d’Angoulême et membre de l’Académie française a pris à son tour la parole en témoignant combien les rencontres dans l’Esprit d’Assise ouvrent l’avenir même quand l’avenir est difficile. « Même au milieu des violences peut être donné la joie de nous élargir », a-t-il déclaré appelant à découvrir cette « intime fraternité qui nous unit les uns aux autres ». Il a également exprimé le fait que « nous avons le droit de refuser un usage négatif de notre laïcité française. Elle ne doit pas être un rempart contre les religions ».
Anouar Kbibech, vice-président du Conseil français du culte musulman s’est souvenu avec émotion de sa participation à la cérémonie organisée le 27 octobre 2011 pour fêter le vingt-cinquième anniversaire de la rencontre d’Assise à Paris, place du Trocadéro. Méditant sur la figure de « l’homme spirituel » présent dans toutes les traditions, il a partagé son espérance de voir toujours plus d’hommes et de femmes pacifiés dans leurs cœurs, devenant alors des pacificateurs.
Enfin, Valérie Régnier, responsable de la Communauté de Sant’Egidio en France, a rappelé le chemin parcouru depuis 1986 et l’appel du pape Jean-Paul II déclarant au terme de la rencontre du 27 octobre : « la paix attend ses artisans ». La Communauté de Sant’Egidio a pris très au sérieux cet appel dans un monde où les conflits augmentent et où la peur peut être un levier démagogique puissant. Au contraire une « vision de paix » grandit à travers la rencontre de l’autre, de celui qui est différent et en particulier de celui qui est pauvre. Valoriser la paix commence lorsqu’on vit l’amitié et la solidarité au quotidien avec tous a-t-elle conclu.
Après la marche pour la paix du 1er janvier qui avait déjà été l’occasion de réunir des responsables de toutes les religions sur le parvis de Notre-Dame de Paris et de renouveler l’engagement commun à « faire le pas de la paix », cette conférence a représenté une nouvelle invitation à « rendre la paix populaire », c’est-à-dire à renforcer et à élargir à plus de monde la conviction que la paix est possible !
Assise, par les religions, la paix est possible, par la Communauté de Sant’Egidio, éditions DDB, Paris, 2014.
L’ensemble des textes des interventions seront très prochainement mises en ligne. |