Nos formulations de foi elles- mêmes sont le fruit d’un dialogue et d’une rencontre entre cultures, communautés et instances différentes. Nous ne devons pas avoir peur du dialogue: c’est même au contraire la confrontation et la critique qui nous aident à préserver la théologie d’une transformation en idéologie. Rappelez-vous, en outre, que la meilleure façon pour dialoguer n’est pas celle de parler et de discuter, mais celle de faire quelque chose ensemble, de construire ensemble, de faire des projets: pas seuls, entre catholiques, mais avec tous ceux qui ont de la bonne volonté.
Et sans avoir peur d’accomplir l’exode nécessaire à tout dialogue authentique. Autrement, il n’est pas possible de comprendre les raisons de l’autre, ni de comprendre jusqu’au bout que notre frère compte plus que les positions que nous jugeons éloignées de nos certitudes pourtant authentiques. Il est notre frère.
Mais que l’Église sache également donner une réponse claire face aux menaces qui apparaissent au sein du débat public: telle est l’une des formes de la contribution spécifique des croyants à la construction de la société commune. Les croyants sont des citoyens. Et je le dis ici à Florence, où l’art, la foi et la citoyenneté se sont toujours associés dans un équilibre dynamique entre critique et proposition. La nation n’est pas un musée, mais elle est une œuvre collective en construction permanente, dans laquelle il faut mettre en commun précisément les choses qui différencient, y compris les appartenances politiques ou religieuses.
Je fais surtout appel « à vous les jeunes, parce que vous êtes forts », disait l’apôtre Jean (1 Jn 1, 14). Jeunes, dépassez l’apathie. Que personne ne méprise votre jeunesse, mais apprenez à être des modèles lorsque vous parlez et vous agissez (cf. 1 Tm 4, 12). Je vous demande d’être les constructeurs de l’Italie, de vous mettre au travail pour une Italie meilleure. S’il vous plaît, ne regardez pas la vie du balcon, mais engagez-vous, plongez-vous dans le vaste dialogue social et politique. Que les mains de votre foi s’élèvent vers le ciel, mais qu’elles le fassent alors qu’elles édifient une cité construite sur des relations dont le fondement est l’amour de Dieu. Et ainsi, vous serez libres d’accepter les défis d’aujourd’hui, de vivre les changements et les transformations.
On peut dire qu’aujourd’hui nous ne vivons pas une époque de changements, mais un changement d’époque. Les situations que nous vivons aujourd’hui lancent donc de nouveaux défis qui sont parfois même difficiles à comprendre pour nous. Notre époque demande de vivre les problèmes comme des défis et non comme des obstacles: le Seigneur est actif et à l’œuvre dans le monde. Sortez donc dans les rues et allez aux carrefours: tous ceux que vous rencontrerez, appelez-les, sans exclure personne (cf. Mt 22, 9). Accompagnez surtout ceux qui sont restés sur le bord de la route, « boiteux, estropiés, aveugles, muets » (Mt 15, 30). Où que vous soyez, ne construisez jamais des murs ni des frontières, mais des places et des hôpitaux de campagne.
Du discours du pape François au 5e Congrès national de l’Église italienne - Florence 10 novembre 2015 |