Il n’existe pas de véritable culte si celui-ci ne se traduit pas en service au prochain

Face à la souffrance de tant de personnes épuisées par la faim, par la violence et par les injustices, nous ne pouvons pas demeurer spectateurs !

La parabole nous offre un premier enseignement : celui qui fréquente la maison de Dieu et connaît sa miséricorde ne sait pas automatiquement aimer son prochain. Ce n’est pas automatique ! Tu peux connaître toute la Bible, tu peux connaître toutes les rubriques liturgiques, tu peux connaître toute la théologie, mais connaître ne signifie pas automatiquement aimer : aimer est un autre chemin, il faut de l’intelligence, mais aussi quelque chose en plus... Le prêtre et le lévite voient, mais ignorent ; ils regardent, mais ne prévoient pas. Pourtant, il n’existe pas de véritable culte si celui-ci ne se traduit pas en service au prochain. Ne l’oublions jamais : face à la souffrance de tant de personnes épuisées par la faim, par la violence et par les injustices, nous ne pouvons pas demeurer spectateurs. Ignorer la souffrance de l’homme, qu’est-ce que cela signifie ? Cela signifie ignorer Dieu ! Si je ne m’approche pas de cet homme, de cette femme, de cet enfant, de cette homme âgé ou de cette femme âgée qui souffre, je ne m’approche pas de Dieu.

Mais venons-en au cœur de la parabole : le samaritain, c’est-à-dire précisément celui qui est méprisé, celui sur lequel personne n’aurait rien parié, et qui, par ailleurs, avait lui aussi ses occupations et des choses à faire, quand il vit l’homme blessé, ne passa pas son chemin, comme les deux autres, qui étaient liés au Temple, mais « il fut saisi de compassion » (v. 33). L’Évangile dit : « Il fut saisi de compassion », c’est-à-dire que son cœur, ses entrailles se sont émus ! Voilà la différence. Les deux autres « virent », mais leur cœur demeura fermé, froid. En revanche, le cœur du samaritain était en accord avec le cœur même de Dieu. En effet, la « compassion » est une caractéristique essentielle de la miséricorde de Dieu. Dieu a de la compassion pour nous. Qu’est-ce que cela veut dire ? Il souffre avec nous, il sent nos souffrances. Compassion signifie : « souffrir avec ». Le verbe indique que les entrailles s’émeuvent et tressaillent à la vue du mal de l’homme. Et dans les gestes et dans les actions du bon samaritain, nous reconnaissons l’action miséricordieuse de Dieu dans toute l’histoire du salut. C’est la même compassion avec laquelle le Seigneur vient à la rencontre de chacun de nous: Il ne nous ignore pas, il connaît nos douleurs, il sait combien nous avons besoin d’aide et de réconfort. Il vient près de nous et ne nous abandonne jamais. Que chacun de nous se pose la question et réponde dans son cœur : « Est-ce que j’y crois ? Est-ce que je crois que le Seigneur a de la compassion pour moi, tel que je suis, pécheur, avec beaucoup de problèmes et tant de choses ? ». Pensons à cela et la réponse est : « Oui ! ». Mais chacun doit regarder dans son cœur pour voir s’il a la foi dans cette compassion de Dieu, du Dieu bon qui s’approche, nous guérit, nous caresse. Et si nous le refusons, Il attend : Il est patient et Il est toujours à nos côtés.

 

Le samaritain se comporte avec une véritable miséricorde : il panse les blessures de cet homme, le porte jusqu’à une auberge, en prend soin personnellement et se charge de son assistance. Tout cela nous enseigne que la compassion, l’amour, n’est pas un vague sentiment, mais signifie prendre soin de l’autre jusqu’à payer de sa personne. Cela signifie se compromettre en accomplissant tous les pas nécessaires pour « s’approcher » de l’autre jusqu’à s’identifier à lui : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même ». Voilà le Commandement du Seigneur.

Pape François, Audience Générale du 27/04/2016