Lundi 31 mars 2014, la Communauté de Sant’Egidio a organisé une conférence exceptionnelle autour du livre L’Art de la paix – La Communauté de Sant’Egidio sur la scène internationale1, à Paris au Collège des Bernardins.
Cette conférence, qui s’inscrit dans le cadre des manifestations « Culture et paix » organisées régulièrement depuis maintenant près de quatre ans par la Communauté de Sant’Egidio en France, a été l’occasion de réunir un plateau d’intervenants de haute qualité, parmi lesquels Louise Avon, ancien ambassadeur de France au Mozambique, Michel Camdessus, gouverneur honoraire de la Banque de France, Marco Impagliazzo, président de la Communauté de Sant’Egidio, et Clarisse Reille, présidente de Grandes Écoles au Féminin.
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La conférence était présidée par Antoine Guggenheim, directeur du pôle de recherche du Collège des Bernardins, qui l’a introduite magistralement par ces quelques mots : « L’Art de la paix n’est pas seulement le titre d’un livre beau de Roberto Morozzo della Rocca. L’Art de la paix est un choix : le choix de considérer, au milieu de l’histoire des guerres, la part lumineuse de nos mémoires, celle des justes et des artisans de paix, sans oublier les vaincus et les victimes. La paix grandit quand un futur commun est envisagé. La paix est beaucoup plus qu’une fin ou qu’une absence de guerre. »
Revenant sur les nombreuses médiations pour la paix conduites par la Communauté de Sant’Egidio (notamment en Centrafrique, en Casamance et au Mali), les intervenants ont pu partager leur vision des possibilités offertes pour construire la paix dans un monde complexe et conflictuel.
Michel Camdessus a ainsi résumé les dons de Sant’Egidio : « Une jeunesse – et pas seulement d’esprit et de cœur – invraisemblablement durable, la grâce de la foi, le pari de l’amitié sont au cœur de leur méthode de négociation. Trois dons : la jeunesse, une grâce et un pari ! » Et de citer Olivier Clément pour mieux appuyer son propos : « Il m’a dévoilé ce secret de Sant’Egidio : par la prière, ils changent le monde, simplement en offrant leur tendresse aux pauvres et leur amitié aux hommes. »
Clarisse Reille s’est dite interpellée par la « distance » entre la vie en Occident et les situations de guerre dans de nombreux pays du monde, tout en faisant l’éloge de la proximité des pauvres qui « est cette école qui apprend à se désarmer ». Louise Avon, quant à elle, après avoir relaté sa rencontre avec Sant’Egidio, a posé une question sur les moyens de prévenir la récidive dans les conflits ; question à laquelle Marco Impagliazzo a répondu en disant : « La fidélité aux personnes, aux peuples, aux pays. »
Marco Impagliazzo a également expliqué que « la Communauté de Sant’Egidio a fait de la paix une vocation, au niveau international et au niveau de la societé. L’amitié avec les pauvres, la reconstruction du tissu déchiré de nombreux quartiers des grandes villes européennes, la rencontre entre les différentes générations, la rencontre avec les personnes âgées rejetées, le dialogue entre les religions et les cultures, les actions de paix : Sant’Egidio n’a cessé d’insister sur le dialogue, la nécessité du vivre ensemble, la recherche de fils subtils à renouer afin que les ennemis et les étrangers se regardent et finissent par se redécouvrir frères ».
Pour répondre aux nombreuses questions sur le « secret » de Sant’Egidio, il a livré une méthode qui est celle, ancienne, d’un diplomate de l’Église, Angelo Giuseppe Roncalli, qui deviendra pape sous le nom de Jean XXIII, qui disait : « Il faut chercher ce qui unit et mettre de côté ce qui divise. »
Marco a cité les noms de deux jeunes amis, l’un africain, l’autre d’Amérique centrale, qui ont tous deux perdu la vie au nom de la paix, Floribert et William, et a conclu : « Oui, tout le monde peut travailler pour la paix, pour la cohabitation, c’est notre conviction la plus profonde. Dans ce haut lieu de la culture française, je voudrais dire que, dans de nombreuses périphéries du monde, le nom des chrétiens est aimé et respecté aussi grâce à ce travail humble et obstiné. »
1 L’Art de la paix – La Communauté de Sant’Egidio sur la scène internationale, sous la direction de Roberto Morozzo della Rocca, présenté par Andrea Riccardi, éditions Salvator, Paris, 2012, 23,50 €.
Intervention d'Antoine Guggenheim
Intervention de Michel Camdessus
Intervention de Marco Impagliazzo |