| 22 Octobre 2014 |
Verbatim |
La religion la plus tourmentée du monde |
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Si paradoxal que cela puisse paraitre, l'Occident n'a guère eu conscience du martyre des chrétiens dans le monde contemporain. Si cette idée peine aujourd'hui encore à s'affirmer c'est qu'en réalité la culture occidentale a nourri un véritable sentiment de culpabilité alimenté par les responsabilités des chrétiens et les violences qu'ils ont perpétrées au cours de leur longue histoire (...). Les chrétiens subissent aujourd'hui, dans d'innombrables parties du monde, une véritable persécution qu'il convient d'affronter en toute objectivité. C'est surtout hors d'Occident, dans ces régions qu'on aurait autrefois appelées le « tiers-monde », qu'ils sont victimes de discriminations et d'agressions. Précisons que le christianisme contemporain n'est pas une réalité essentiellement occidentale avec quelques prolongements dans le sud de la planète : il est devenu de plus en plus (et le phénomène de date pas d'hier) une religion dont le barycentre se déplace vers le sud. Cette persécution est donc le fruit du caractère « méridional » de ce christianisme qui vit dans les pays dangereux où les communautés chrétiennes sont en minorité par rapport à celles issues d'autres traditions religieuses. (...) En 2025, les catholiques (pour se limiterà la plus grande Eglise chrétienne) seront à 60 % africains et sud-américains. Occulter et sousestimer la persécution que les chrétiens connaissent aujourd'hui revient à attester (au mieux) le sentiment de culpabilité du christianisme occidental, mais ne fait pas objectivement état de la réalité actuelle de cette religion dans le sud de la planète notamment. La persécution est l'une des caractéristiques de ce « nouveau » christianisme. Ce n'est pas la seule. Néanmoins, l'implantation « meridionale » des communautés chrétiennes ne suffit pas à expliquer pourquoi les fidèles de l'Evangile constituent aujourd'hui la religion la plus tourmentée au monde. Ces dernières années (et en particulier apres le 11 septembre 2001), on a parlé du martyre des chrétiens comme le fruit de l'affrontement religieux et civilisationnel entre le christianisme et l'Occident, d'une part, et le monde musulman, d'autre part. Une interprétation influencée par les thèses sur le choc de civilisations que Samuel Huntington a tirées d'une tradition culturelle occidentale pour en (aire une clé de lecture de l'histoire contemporaine. Dans ce contexte, le conflit entre monde chrétien et monde musulman occupe donc une piace centrale et apparait comme une inévitable derive de l'histoire d'un monde globalisé en prole à des dynamiques conflictuelles.»
Andrea Riccardi
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