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7 Septembre 2009 16:30 | Couvent des Franciscains – Salle A

Introduction



Vladimir Gaudrat


Abbé de Lérins, France

C’est d’une certaine manière une épreuve que de devoir parler de la force historique de la prière en cette ville à la fois au coeur de l’Europe et au cœur du drame européen du XX° siècle. Au cœur de ce pays se sont affrontées les 2 fausses idéologies de fabrication d’un homme nouveau, le national-socialisme et le marxisme dans sa version soviétique. D’une manière différente car il n’y a pas d’équivalent à la volonté systématique d’extermination du peuple juif de « la solution finale » elles ont abouti à l’élimination de dizaine de millions de personnes considérées uniquement comme des obstacles sur la voie de la construction d’un régime nouveau. Devant cette pesanteur inintelligible du mal, certains ont dit que l’unique attitude juste était celle du silence. On ne peut alors se risquer à parler que par des témoins ayant vécu eux-mêmes ce drame et par des images. En tant que moine chrétien, ces témoins  apparaissent comme des présences, des manifestations de ce témoin unique qu’est Jésus Christ lui qui a goûté de la mort pour nous, lui dont la lettre aux Hébreux dit : « C’est lui qui, au cours de sa vie terrestre, offrit prières et supplications avec grand cri et larmes à celui qui pouvait le sauver de la mort, et il fut exaucé en raison de sa soumission. Tout Fils qu’il était, il apprit par ses souffrances l’obéissance, et, conduit jusqu’à son propre accomplissement, il devint pour tous ceux qui lui obéissent cause du salut éternel. . .   ». Pour parler de la force de la prière, je ne peux que me situer au cœur d’un paradoxe en gardant les yeux fixés sur ce témoin « mis à mort dans la chair et ressuscité dans l’Esprit », lui dont la force se manifeste dans la faiblesse. C’est une des constantes du christianisme primitif depuis les lettres de Paul que de souligner ce rapport entre force et faiblesse dont le signe est la croix.

Le premier témoignage que je voudrais citer est une carte postale jetée du train qui la conduit à Auschwitz par Etty Hillesum, une jeune femme juive hollandaise chercheuse de Dieu dont les lettres et le journal ont été publiés un certain temps après la guerre :
« À Christine Van Nooten, Près de Glimmen
Christine, j’ouvre la Bible au hasard et trouve ceci : « Le Seigneur est ma chambre haute ». Je suis assise sur mon sac à dos, au milieu d’un wagon de marchandise bondé. Papa et maman et Mischa sont quelques wagons plus loin. Ce départ est tout de même venu à l’improviste  ».
À ces quelques lignes répondent comme un écho les deniers mots de son journal : « On voudrait être un baume versé sur tant de plaies  ». Face au déferlement des forces obscures du mal qui n’ont en elles-mêmes aucun sens la force de la prière, c’est d’être comme une lumière fragile qui donne du sens, qui cherche à faire basculer vers la confiance. L’image qui me semble le mieux correspondre à ce témoignage, c’est celle d’une multitude de personnes connues ou inconnues porteuses de lumière comme une foule dans un pèlerinage éclairant la nuit avec les lumières qu’elle porte. C’est dans cette présence fragile, cette obscure clarté que je discerne en premier la force de la prière dans l’histoire des hommes.

Le deuxième témoignage est celui de Claire Ly, une femme cambodgienne ayant vécu l’expérience des camps d’extermination des khmères rouges. De tradition bouddhiste, elle essaie de se maintenir en vie ainsi que ses enfants au milieu d’un système qui ne vise qu’à l’élimination des « mauvaises catégories humaines ». Elle choisit de prendre pour témoin de ce qui lui arrive au jour le jour celui qu’elle appelle le dieu des occidentaux et dont elle a entendu parler essentiellement par la littérature française. Un soir comme les autres, elle est saisie par la beauté du paysage et se sent envahie par la paix : « Par contre, je me sens saisie tout entière par la beauté du paysage et le silence. . . Comme une absence habitée. Ce silence fait jaillir un timide merci de mon cœur vers ce Dieu soi-disant créateur de toute chose. . . La haine et le ressentiment étreignent moins mon cœur ». Petit à petit ensuite ce sentiment continuera à l’envahir jusqu’au moment de la libération de son camp par les soldats vietnamiens. À ceux-ci qui lui demandent de distinguer les coupables des victimes, elle s’entend répondre :  « Ici, il n’y a que des victimes ». Elle n’a plus dit-elle à ce moment la force de haïr.
La force de la prière est que non seulement elle cherche à éclairer même si ce n’est que timidement ce qui est obscur mais aussi que peu à peu elle dissout la haine et le ressentiment qui empêchent l’homme de vivre. L’image qui vient en moi devant cette expérience, sans doute parce que mon monastère se trouve sur une île, est celle des vagues de la mer qui peu à peu transforment les pierres coupantes en galet et les galets en sable. Cette expérience est aussi pour moi celle de la prière des psaumes répétés chez nous de semaine en semaine. En eux s’expriment pour les convertir, pour les transformer tous les sentiments humains.

Il me semble que ce n’est qu’après ces 2 témoignages que l’on peut parler avec précaution d’un autre aspect plus collectif de la force historique de la prière. Il est des foules en prière qui peuvent changer le cours des évènements non par la violence mais par une force tranquille. Il est aussi une somme de prières individuelles et même une seule prière qui peuvent le faire aussi. Mais dans le secret, dans le mystère en évitant de penser cette force comme ce qui pourrait ressembler à une pratique magique où un poids en contrebalancerait un autre. Parler de la force historique de la prière, c’est toujours parler avec humilité de ce que nous ne saisissons pas vraiment car elle est un don de Dieu. L’image que j’ai devant les yeux en ce moment est tout autant celle de Thérèse de l’Enfant Jésus priant dans le secret du Carmel pour l’assassin Pranzini, que celle de toutes les prières secrètes dites en Union Soviétique durant le communisme de ceux qui allaient jusqu’à prier pour leurs persécuteurs et dont certaines nous ont été retranscrites et que celle des moines bouddhistes du Myanmar défilant dans les rues de Rangoon en priant. Si dans un regard extérieur, l’efficacité n’est pas la même, en réfléchissant comme nous le faisons sur la prière, nous sommes nous aussi invités et c’est un autre dynamisme qu’elle rend possible à dépasser les apparences.


Cracovie 2009

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