Nous demandons aux fidèles de nos Églises d’ouvrir leurs cœurs et leurs mains aux victimes de la guerre et du terrorisme

aux réfugiés et à leurs familles. Ce qui est en cause, c’est le sens même de notre humanité

....Malheureusement, nous assistons à une immense tragédie qui se déroule sous nos yeux, celle d’innombrables personnes innocentes qui sont en train d’être tuées, déplacées ou contraintes à un exile douloureux et incertain en raison d’incessants conflits d’origines ethniques, économiques, politiques et religieuses, au Moyen Orient et dans d’autres parties du monde. Il en résulte que les minorités religieuses et ethniques sont devenues la cible de persécutions et de traitements cruels, à tel point que souffrir pour sa propre croyance religieuse est devenu une réalité quotidienne. Les martyrs appartiennent à toutes les Églises et leurs souffrances sont un ‘‘œcuménisme de sang’’ qui transcende les divisions historiques entre les chrétiens, nous appelant tous à promouvoir l’unité visible des disciples du Christ. Nous prions ensemble, par l’intercession des saints Apôtres Pierre et Paul, Thaddée et Barthélémy, pour un changement des cœurs en tous ceux qui commettent de tels crimes, et en ceux qui sont en mesure d’arrêter la violence.

Nous implorons les dirigeants des nations pour qu’ils écoutent la supplication de millions d’êtres humains qui aspirent à la paix et à la justice dans le monde, qui demandent le respect des droits que Dieu leur a donnés, qui ont un besoin urgent de pain, et non pas d’armes. Malheureusement, nous assistons à une présentation fondamentaliste de la religion et des valeurs religieuses, qui sont utilisées pour justifier la diffusion de la haine, de la discrimination et de la violence. La justification de tels crimes sur la base d’idées religieuses est inacceptable, car « Dieu n’est pas un Dieu de désordre, mais de paix » (I Co 14, 33). En outre, le respect de la différence religieuse est la condition nécessaire pour une cohabitation pacifique de communautés religieuses et ethniques différentes. Précisément parce que nous sommes chrétiens, nous sommes appelés à chercher et à réaliser des sentiers de réconciliation et de paix. A ce sujet, nous exprimons aussi notre espérance d’une résolution pacifique des questions concernant le Nagorno-Karabakh.

Nous souvenant de ce que Jésus a enseigné à ses disciples lorsqu’il a dit : « J’avais faim, et vous m’avez donné à manger ; j’avais soif, et vous m’avez donné à boire ; j’étais un étranger, et vous m’avez accueilli ; j’étais nu, et vous m’avez habillé ; j’étais malade, et vous m’avez visité ; j’étais en prison, et vous êtes venu jusqu’à moi » (Mt 25, 35-36), nous demandons aux fidèles de nos Églises d’ouvrir leurs cœurs et leurs mains aux victimes de la guerre et du terrorisme, aux réfugiés et à leurs familles. Ce qui est en cause, c’est le sens même de notre humanité, de notre solidarité, de la compassion et de la générosité, qui ne peut être vraiment exprimé que dans un déploiement pratique et immédiat de ressources. Nous reconnaissons tout ce qui est déjà en train d’être réalisé, mais nous insistons sur le fait que beaucoup plus est nécessaire de la part des dirigeants politiques et de la communauté internationale, en vue d’assurer le droit de tous à vivre en paix et en sécurité, à faire respecter l’état de droit, à protéger les minorités religieuses et ethniques, à combattre le trafic et la traite d’êtres humains..

De la Déclaration commune du pape François et du patriarche arménien Karekin II Etchmiadzin, 26 juin 2016