Souvenir de Shahbaz Bhatti, chrétien pakistanais, ami du dialogue et de la paix, tué il y a 8 ans à Islamabad

Sa bible se trouve dans le sanctuaire des nouveaux martyrs à Saint-Barthélemy

Nous faisons mémoire aujourd'hui de l'assassinat du ministre pakistanais Shahbaz Bhatti, tué à Islamabad le 2 mars 2011, à cause de son engagement dans la défense des chrétiens et de toutes les minorités. Ami et frère de la Communauté, avec laquelle il collaborait pour promouvoir le dialogue entre les religions dans son pays, c'était un homme de paix et de prière. Sa bible, qu'il lisait attentivement chaque jour, est conservée dans le sanctuaire des nouveaux martyrs, au sein de la basilique Saint-Barthélemy, sur l'île Tibérine, à Rome.

 

La Bible de Shabaz Bhatti

Clément Shahbaz Bhatti est né à Lahore le 9 septembre 1968 de parents catholiques. Son père, Jacob Bhatti, a d’abord servi dans l’armée, puis comme enseignant, avant de devenir président du Conseil des Églises à Khushpur.

Encore étudiant, Bhatti fonde en 1985 le Front de libération chrétien du Pakistan et, en 2002, est élu à l’unanimité président de All Pakistan Minorities Alliance (APMA) avant de rejoindre aussi le Pakistan Peoples Party (PPP).

Shahbaz est cependant resté à l’écart de la politique jusqu’en 2008, date à laquelle il est nommé ministre pour les Minorités, une charge qui, la même année, est élevée, pour la première fois, au niveau du gouvernement avec la création d’un ministère indépendant. Durant son mandat de ministre fédéral, Bhatti a pris de nombreuses mesures de soutien en faveur des minorités religieuses, entre autres le lancement d’une campagne nationale pour promouvoir l’entente interreligieuse, la proposition d’une loi qui interdise l’incitation à la haine et la littérature qui promeut la haine, l’introduction de l’étude des religions comparées à l’école, l’introduction de quotas pour les minorités religieuses aux postes de gouvernement et la sauvegarde de quatre sièges au Sénat pour les minorités. Bhatti a œuvré aussi à l’organisation du National Interfaith Consultation, qui a vu se réunir d’importants leaders religieux de toutes les religions provenant de l’ensemble du Pakistan et qui a conduit à une déclaration conjointe contre le terrorisme.

Shahbaz Bhatti disait qu’il avait accepté la charge de ce ministère pour le bien des « opprimés, des personnes bafouées et marginalisées » du Pakistan, lui qui avait dédié sa vie à la « lutte pour l’égalité humaine, la justice sociale, la liberté religieuse et pour améliorer et développer le potentiel des communautés des minorités religieuses ». Ouvertement engagé dans la lutte pour réformer de son pays les lois relatives au blasphème, Shahbaz voulait envoyer « un message d’espoir aux personnes déçues, désillusionnées et désespérées ». 

En 2009 Shahbaz Bhatti se range ouvertement en faveur des chrétiens pakistanais attaqués durant les révoltes de Gojra, dans la province du Punjab et pour cela reçoit des menaces de mort. Ces menaces se feront de plus en plus fréquentes à la suite aussi de son soutien à Asia Bibi, une chrétienne pakistanaise condamnée à mort en 2010 pour blasphème.

Shahbaz Bhatti est tué à Islamabad le matin du 2 mars 2011, pendant qu’il se rendait à son travail.

Le même Bhatti prédisait sa propre mort et avait enregistré une vidéo, où il disait : « je crois en Jésus Christ qui a donné sa vie pour nous, et je suis prêt à mourir pour une cause. Je vis pour ma communauté et… je mourrai pour défendre leurs droits. »

Le groupe Tehrik-i-Taliban Pakistan a revendiqué son assassinat et a traité Shahbaz Bhatti de blasphémateur de Mahomet.

Le 5 avril 2011, au cours d’une veillée de prière à sa mémoire, présidée par Mgr Joseph Coutts, évêque de Faisalabad, diocèse natal du ministre, son frère Paul a déposé la Bible de Shahbaz Bhatti à la basilique Saint-Barthélely-en-l’Île, lieu mémorial des martyrs des XXe et XXIe siècles.

En mars 2016, cinq ans après sa mort, le diocèse catholique d’Islamabad-Rawalpindi a formellement ouvert sa cause en béatification.