Il y a 5 ans, le Pape François se rendait sur l'île de Lesbos

Entretiens avec Daniela Pompei et Nour Essa

Il y a cinq ans, le Souverain pontife effectuait une visite dans le camp de Moria, le plus grand camp de réfugiés d'Europe, pour afficher sa proximité et sa compassion envers les demandeurs d'asile. Le Saint-Père était revenu à Rome en compagnie de trois familles de migrants aujourd’hui intégrés en Italie grâce au travail de la communauté Sant' Egidio. Un premier «couloir humanitaire» à petite échelle, qui en a appelé d'autres depuis.

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L'histoire de Nour Essa

À l'époque, âgée de 31 ans, elle avait fui la banlieue de Damas avec sa famille. De la Turquie, c'est un canot pneumatique qui les a conduits à Lesbos. Aujourd'hui, Nour Essa et sa famille vivent à Rome, où elle est biologiste à l'hôpital pédiatrique Bambino Gesù. "Je remercie le pape François - dit-elle aujourd'hui à Vatican News - pour tout ce qu'il a fait pour nous, il a changé nos vies et notre destin". Nour a encore très clairement en mémoire les images de ce départ pour Rome, décidé seulement 24 heures plus tôt. Elle se souvient des étapes du vol, du Pape toujours "souriant", montrant aux journalistes présents à bord "un dessin fait par un garçon qui était à Moria". Comme musulmane, le peu qu'elle savait du Vatican, elle l'avait appris, comme tout le monde, par la télévision.

Le rôle de la Communauté de Sant'Egidio

L'artisan du départ de Nour et des autres réfugiés est la Communauté de Sant'Egidio, à laquelle le Pape lui-même avait confié, quelques jours avant son voyage, son désir de revenir à Rome avec quelques familles de réfugiés. "C'était une émotion très forte pour nous tous", se souvient Daniela Pompei, responsable de la Communauté pour les services aux immigrés, réfugiés et Roms, qui s'est envolée trois jours seulement avant la visite de François sur l'île de Lesbos pour identifier les personnes, les plus vulnérables, qui partiraient avec le Pape.

"Jamais nous n'aurions pensé - rappelle Daniela Pompei - monter dans l'avion du pape. Nous ne l'avons appris que la veille, nous pensions partir sur un vol régulier." En trois jours seulement, dans le camp de Karatepe, des familles ont été identifiées, les plus vulnérables, avec des enfants en bas âge. Il s’agissait de familles de religion musulmane, un point qui a également fait l'objet de questions de la part des journalistes présents à bord de l'avion papal. Daniela Pompei se souvient de la réponse de François : "Le pape a été très clair : quand on parle de personnes qui fuient la guerre, il ne faut pas regarder l’aspect religieux, il faut sauver des vies humaines. Ce qui a prévalu, c'est l'idée de protéger la vulnérabilité que représentent les familles et les très jeunes enfants qui ne peuvent pas vivre dans un camp."