Le pardon est la vie. L'absence de pardon est la mort. Méditation de Marco Gnavi à propos de la condamnation à mort de Quintin Jones

Mt 6, 7-15

Méditation de Don Marco Gnavi

Mt 6,7-15

La prière que le Seigneur Jésus a mise sur nos lèvres et dans nos cœurs culmine en se concentrant sur la remise des dettes, les nôtres et celles des autres, et sur la délivrance du Mal.

Le pardon semble être au centre de cette invocation commune qui accompagne nos vies chaque jour, or nous vivons un paradoxe car toute la vie des chrétiens est enveloppée de pardon et immergée dans le pardon. Dans la prédication quotidienne offerte le dimanche, nous répétons que nous ne sommes pas dignes de participer de Le recevoir, mais qu'on nous offre le pain de la vie. Toute la vie chrétienne, pourrions-nous dire, est pardon, parce que notre vie est un don que, par le péché, nous avons échangé contre une possession et c'est pourquoi nous parlons facilement du pardon, mais résistons à l'offrir. Jésus nous met en garde et nous avertit de ne pas gaspiller nos mots pour le pardon.

Ce soir, un homme qui implorait le pardon, Quintin Jones, 42 ans, nous explique douloureusement que le pardon est la vie, l'absence de pardon est la mort. Il y a quinze jours, cet afro-américain encore jeune, détenu dans un couloir de la mort au Texas, a demandé de l'aide pour obtenir la clémence. Beaucoup disent que ce soir il sera exécuté, il sera tué, il sera assassiné par l'Etat, car donner la mort à cette heure est aussi un choix de volonté politique. Alors qu'aux Etats-Unis les exécutions sont limitées, au Texas elles doivent être maintenues. Ceux qui ont écouté les paroles de ce jeune homme entendent sa douceur, sa demande faite sans colère, avec un espoir désespéré.

Le pardon et la vie coïncident, l'absence de pardon et la mort coïncident douloureusement. Nous avons le devoir d'espérer et la responsabilité de prier. Nous savons bien que les pensées, les œuvres et les omissions sont porteuses de mal et ne sauvent ni nous-mêmes ni les autres. Au contraire, nous croyons qu'il faut espérer contre toute attente, demander l'impossible, et travailler pour que l'impossible devienne réalité.

Jésus prévient que si ce monde, cette génération, nous-mêmes ne savons pas pardonner aux autres, nous serons aussi mesurés par Dieu à cette aune, et il sera difficile de recevoir la miséricorde. Il existe une inégalité dans la vie : faire le mal n'est pas la même chose pour tout le monde. Le mal prend racine dans les hommes et les femmes les plus vulnérables et nous sommes préservés de tant de douleur, de tant de violence, de tant de souffrance et tout nous amène à dire que si notre vie est un don, nous devons préserver la vie des autres.

Dans le Seigneur Jésus, le pardon s'accompagne aussi de l'accomplissement de la volonté du Père, de l'offre du pain quotidien, de la justice, du rapprochement du royaume. Notre prière, alors que nous cherchons le salut de cet homme, doit et peut aussi être accompagnée dans les jours qui suivent, et toujours dans notre vie, par cette obéissance à la volonté du Seigneur Jésus. Nous sommes certains que le Seigneur entend.

Nous ressentons aussi l'insuffisance de notre invocation, néanmoins nous croyons que celui qui vit l'épreuve la plus douloureuse de la mort imminente peut sentir l'étreinte mystérieuse de l'invocation, qu’il a le Seigneur à ses côtés et peut encore espérer en la vie.

Nous demandons à Dieu, nous qui sommes pardonnés toute notre vie, réconciliés, d'offrir le salut à ceux qui implorent le pardon des autres pour que leur vie redevienne un don, et nous sommes solidaires de toute la famille de la victime du meurtre, que cet homme a avoué et qui reconnaît un mal terrible survenu il y a vingt ans.

Nous sommes solidaires de cette famille qui a aussi appris à aimer Quintin et a demandé la clémence. Nous sommes solidaires de Quintin qui veut vivre et qui a fait de sa vie un témoignage de recherche de nouveauté et de miséricorde. Nous sommes solidaires de tout homme et de toute femme qui ne peut pas croire au mystère de l'existence de la durée de la vie selon la volonté de Dieu mais qui est obligé de se mesurer à la vengeance des hommes. Que notre pardon, offert dans notre vie quotidienne, nous éduque à essayer aussi de défendre la vie de ceux qui ne le reçoivent jamais. Nous ne sommes jamais des juges.

Nous ne perpétuons jamais la souffrance des autres. Nous cherchons à libérer les autres et non à les rendre dépendants de nous. Nous savons que dans le monde, du refus du pardon nous passons à la vengeance, de la mort subie à la mort infligée de manière consciente et déterminée, que la prière du Notre Père nous aide à être une seule famille, même face à l'injustice de la peine de mort, en demandant le salut de ceux qui sont condamnés par elle, en demandant le salut en nous de toute tentative de nous ériger en juges, en demandant le salut de ce monde de toute logique de rétribution, en oubliant qu'à Dieu nous devons tout, que la vie est un don et que nous sommes toujours pardonnés. 


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