Pour un avenir sans discrimination contre les gitans. A Budapest la prière œcuménique pour le peuple rom et la mémoire du porrajmos avec le témoignage d’Éva Fahidi, survivante d’Auschwitz

Le 2 août à Budapest s’est déroulée une prière œcuménique à la mémoire du Porrajmos, l’extermination des Roms et des Sintis par les nazis et de l’attentat de Kisléta qui fut le dernier d'une série d’assassinats de personnes Roms entre 2008 et 2009 faisant six victimes et plusieurs personnes blessées en Hongrie. La prière fut présidée par János Székely, évêque catholique de Szombathely, avec les représentants des Eglises réformées et luthériennes, ainsi que de la Communauté juive. Quelques membres des familles des victimes furent présents et Éva Fahidi, rescapée de la Shoah, prisonnière du camp d’Auschwitz-Birkenau, présente la nuit du 2 au 3 août 1944 quand les derniers Roms furent tués par les SS.

Péter Szőke de la Communauté de Sant’Egidio à Budapest a introduit la prière: “nous voulons crier vers le Seigneur avec les victimes et pour les victimes, mais nous voulons aussi dire le rêve que nous avons pour le monde et pour la Hongrie". Citant Jonathan Sacks, il a dit: “un pays est fort quand il prend soin des faibles, il devient riche quand il prend en charge les pauvres, il devient invulnérable quand il prête attention aux vulnérables". C’est un rêve qui prend sa source dans les pages de la Bible, c’est le rêve du Pape François d’être tous frères et sans ce rêve notre foi devient sombre.

Dans son homélie, l’évêque émérite luthérien Péter Gáncs a médité sur la rencontre de Jésus avec la samaritaine dans le chapitre 4 de l’Evangile de Jean. Jésus ne respecte pas les frontières et « provoque », dans le sens originel du verbe : il appelle à sortir ce qui est caché. Les Juifs et les Samaritains n’avaient alors aucune communion, ils ne pouvaient utiliser la même vaisselle et les mêmes services. Jésus découvre quelle est l’unique chose que lui et la femme ont en commun : la soif, à l’heure la plus chaude de la journée. Il demande de l’eau à la samaritaine, suscitant un scandale y compris au sein de ses disciples qui ne le comprennent pas. Le rapport entre les Juifs et les Samaritains est comparable à celui entre les Roms hongrois et les non Roms d’aujourd’hui. Jésus offre l’eau de la vie parce qu’il est devenu en nous fontaine pour les autres. Nos efforts ne servent à rien si nous-mêmes ne faisons pas le premier pas dans le rétablissement de la communion de manière personnelle, mangeant et buvant avec eux en nous servant aux mêmes plats.

Éva Fahidi, qui avait perdu sa mère et sa petite sœur dès leur arrivée à Auschwitz, a donné un témoignage personnel et touchant de la nuit lors de laquelle les familles Roms, c’est à dire plus de 3000 personnes furent assassinées dans le camp de Birkenau. “Les Roms et les Sintis sont le peuple le plus proche à mon cœur. Ils sont mes frères et sœurs de sang. J’avais 79 ans quand je suis retournée pour la première fois à Auschwitz. Jusqu’à présent je n’avais pas compris pourquoi moi j’avais survécu, mais alors j’ai compris : pour raconter jusqu’à la fin de ma vie, pour que cela ne se reproduise plus. Malheureusement les idées nazies se répandent même là où elles ne sont pas connues. Le rôle des Eglises est essentiel pour les combattre. Les rescapés ne veulent pas salir leur âme de haine contre personne”. Et s’adressant aux enfants et aux jeunes Roms présents elle leur dit : “Les enfants Roms sont très beaux. Etudiez, trouvez un bon travail pour ne pas être humilié, ayez de belles familles avec de nombreux enfants, Dieu vous bénit ”.

Lors de la prière des fidèles on lut les noms des victimes des attentats qui ont eu lieu il y a douze ans en Hongrie, parmi lequel se trouvait un enfant d’à peine 5 ans, Robi Csorba.
Lors de la prière d’intercession, 
Eszter Dani, pasteur réformé a demandé au Seigneur la guérison pour ceux qui sont paralysés par la peur, par le deuil et aussi pour ceux qui sont pleins de haine.
Le grand rabbin
Zoltán Radnóti a prié avec les paroles de l’Avenou Malkenou, Notre Père, Notre Roi, les supplications pour la miséricorde de l’Eternel.
L’évêque
János Székely a rendu grâce au Seigneur pour « nos frères gitans » et pour « les trésors qu’ils portent en eux ». “Nous péchons contre notre frère – a-t-il ajouté – non seulement quand nous le détruisons mais aussi quand nous lui refusons une vie digne de l’être humain ». Et concluant sa prière il a déclaré : “nous voulons, Seigneur, rejoindre la mesure de ton amour infini ».