Les nouvelles pauvretés, filles du Covid. Un éditorial de Marco Impagliazzo

Publié dans "Nuova Sardegna"

La reprise actuelle est là, avec une croissance du PIB telle qu'elle fait espérer un retour au niveau d'avant la crise sanitaire, et pourtant certaines couches de la population sont restées à la traine et risquent de le rester encore longtemps. Ce sont les "nouvelles pauvretés", comme on les appelle, qui s'ajoutent aux anciennes, et dont on parle depuis que le Covid-19 a fait irruption dans notre monde, faisant non seulement des milliers de victimes, mais bouleversant également les dynamiques sociales. C'est vrai, et nous l'avons touché du doigt. 

Les statistiques officielles, les rapports des associations, les données de la Caritas, parlent tous d'augmentation significative de ceux qui ont besoin d'aide, parfois ponctuelle, souvent quotidienne. Les chiffres enregistrés par la Communauté de Sant'Egidio sont éloquents: dans la ville de Rome, le début de la pandémie, en mars 2020, a déterminé en très peu de temps le passage de 3 à 28 centres de distribution de nourriture et d'autres biens de première nécessité, pour la plupart en périphérie. La même chose s'est passée dans d'autres villes. En une seule année, plus de 300 000 colis alimentaires ont été distribués en Italie, avec une moyenne environ trois fois supérieure à celle d'avant la pandémie.

Il s'agit de "nouveaux pauvres", non seulement immigrés, mais également italiens, en particuliers des membres de ménages ayant un seul revenu, des femmes seules avec enfants et des travailleurs précaires. S'il est vrai qu'avec la reprise ont vu le jour, au cours des derniers mois, de nouvelles offres d'emploi, il est également vrai que de nombreux citoyens ne réussissent pas à s'insérer dans ce cercle vertueux, surtout les personnes d'un certain âge. La tranche d'âge 45-55 ans est en effet la plus touchée: elle est en grande difficulté pour se "remettre en jeu" en changeant complètement de type de travail auquel elle était habituée, comme le marché l'exige souvent.

Mais il y a une autre partie significative de la population, profondément marquée par la pandémie, qui rentre pleinement dans les catégories des nouvelles pauvretés: les personnes âgées, en particulier celles qui ne sont pas autosuffisantes et qui vivent seules. La crise sanitaire a montré à tous leur grande fragilité, comme le montre le nombre très élevé de victimes, faisant ainsi émerger la nécessité de revoir de fond en comble un système qui, jusqu'à aujourd'hui, misait exclusivement sur l'institutionnalisation dans les maisons de retraite et autres structures, qui ont malheureusement enregistré le plus grand nombre de victimes. Une leçon qui a conduit le gouvernement Draghi - grâce au travail de la Commission, née justement de la crise qu'a connue la population âgée, et présidée par Mgr Paglia - à accomplir des pas importants vers une réforme socio-sanitaire misant sur l'aide et le maintien à domicile grâce à l'assistance et aux soins. Car, en substance, la pandémie nous a fait comprendre que, au-delà de la nécessité de se protéger du Covid-19 et de le contenir avec la vaccination, il fallait combattre un virus encore plus insidieux.

C'est en effet l'isolement qui a déterminé la surexposition de nombreuses personnes âgées à la maladie, mais également, de manière plus générale, de tant de personnes à la pauvreté. Une condition de laquelle tant de fois on ne peut sortir sans l'aide et la proximité de quelqu'un d'autre.

Les volontaires en savent quelque chose, eux qui ont été ces derniers mois aux côtés de qui faisait la queue pour recevoir un colis alimentaire. Pour les aider, certes, concrètement, mais également pour les écouter, là où personne pendant si longtemps n'avait recueilli leurs paroles, cherché à comprendre leurs besoins, donné des conseils, même simples, pour continuer à vivre et non pas seulement survivre. De grande valeur est le fait que certains "nouveaux pauvres", après avoir été aidés et avoir résolu - même partiellement - leurs problèmes, aient senti la nécessité de rejoindre eux aussi les volontaires. Pour restituer ce qu'ils avaient reçu, mais également car on est moins pauvre quand on est moins seul.