Les problèmes de la planète nous concernent tous. Editorial de Marco Impagliazzo

paru dans La Nuova Sardegna

La chaleur excessive de ces dernières semaines, les incendies qui dévastent des parties toujours plus grandes du territoire italien et européen, la fonte des glaciers, le manque d'eau dans nos rivières et nos lacs, la pollution de l'air et des mers sont autant de manifestations d'une crise climatique sans précédent. La crise écologique touche tout le monde, il ne s'agit plus un phénomène dont les conséquences ne sont dramatiques que dans les pays les plus pauvres, car nous avons été coupables de nous bercer d'illusions pendant longtemps, en n'y faisant pas face. L'Afrique se désertifiait et nous, Européens, étions distraits.

En réalité, cette crise montre incontestablement que nous formons une seule et même famille humaine et qu'un avenir durable ne peut naître que du dialogue entre tous. Les problèmes de la terre sont en soi un appel pressant et quotidien à prendre conscience de l'unité de toute la famille humaine et à développer l'esprit de coopération et de dialogue. Et pourtant, malgré l'urgence imposée par la crise écologique, il est si difficile d'établir un dialogue, de concilier les différents intérêts, de promouvoir une politique environnementale concertée. Le sentiment d'un destin commun fait parfois défaut. Mais la terre elle-même, en tant que maison commune, dit le destin commun des différents peuples. La terre et le ciel évoquent l'unité de l'humanité.

D'où vient cette incapacité à écouter les lamentations de la terre et à lire les signes des temps, qui révèlent la crise écologique ? Elle vient du fait de se mettre au centre, de cet anthropocentrisme qui, paradoxalement, a placé la raison technique et économique bien au-dessus de la réalité elle-même. Le pape François a écrit dans Laudato si' : "Le paradigme technocratique tend à exercer sa domination même sur l'économie et la politique. L'économie considère chaque développement technologique comme une fonction de profit, sans prêter attention aux éventuelles conséquences négatives pour les êtres humains".

Quand on a perdu la mesure humaine et personnelle de la rencontre avec la douleur de la femme et de l'homme blessés, comment peut-on ressentir les douleurs de la terre et poser la question écologique pour les générations futures ? La nature se rebelle contre l'arrogance capricieuse de "morceaux" d'humanité, qui veulent la plier et la forcer dans tous les sens en l'exploitant pour la poursuite de leurs intérêts immédiats. Le pape poursuit : "Tout est lié. Si l'être humain se constitue en chef absolu, la base même de son existence s'effondre". C'est pourquoi l'éternelle querelle entre les champions de l'innovation et ceux qui ne veulent rien changer doit absolument cesser.

Des solutions concrètes sont nécessaires pour que les besoins de tous n'écrasent pas ceux de certains, ou vice versa. La pandémie nous a appris que personne ne peut se sauver tout seul et prétendre être en bonne santé dans un monde malade. Face à l'injustice et à l'inégalité, il faut proposer une alternative de développement réaliste qui tente d'être respectueuse à la fois de l'homme et de la nature. Cherchons la voie de la rencontre des différentes sensibilités au nom d'une tension vers l'égalité qui ne soit pas abstraite mais fondée sur la vie réelle des êtres humains et de la nature.

S'il doit y avoir un changement dans le système économique (en raison des inégalités et de l'appauvrissement causés par la mondialisation), cela ne peut que partir d'une nouvelle idée de la durabilité qui devient une valeur collective et ne reste pas seulement un droit individuel, de niche ou sectaire. En termes environnementaux, ce qui est nécessaire n'est pas ce qui "me convient, ne me dérange pas, ne perturbe pas ma tranquillité d'esprit". Ce qu'il faut, c'est ce qui est bon pour tout le monde, en particulier pour les enfants à naître. En ce sens, la préservation de la planète doit être la première préoccupation de chacun.

Il faut aborder de la même manière les questions globales de paix, de migration ou de développement. Pour tout cela, il faut travailler concrètement sur le terrain, chercher des alliances dans la société, proposer des idées : cela ne peut se faire qu'en descendant réellement sur le terrain de la politique vécue comme une " vocation " au service de la cohésion et du vivre ensemble. 

[traduction de la rédaction]

Marco Impagliazzo