Le nombre de jeunes africains fascinés par la révolte contre le 'statu quo' augmente. Un défi pour les gouvernements et pour l'Europe
Le G7, sous la présidence italienne, a soulevé la question de l'Afrique et des migrations. Un certain nombre de présidents africains a participé au sommet. La question des migrations est depuis longtemps au centre des préoccupations occidentales. Nous devons nous demander ce qui se passe réellement en Afrique. Il s'agit d'un continent de jeunes : sur 1,4 milliard d'Africains, 60 % ont moins de 24 ans. Une population de jeunes, d'adolescents et d'enfants, appelée à croître dans les années à venir. Les jeunes Africains sont nombreux et ont soif d'avenir et de travail, mais ils trouvent peu d'opportunités dans leur propre pays. Il existe parmi eux un climat de "type mai 68" - si je peux me permettre la comparaison - qui ne peut généralement pas être résolu par la politique, mais qui s'exprime par le désir généralisé de sortir d'une situation dans laquelle les jeunes se sentent emprisonnés.
J'étais récemment au Burundi, le pays le plus pauvre du continent, et j'ai parlé avec plusieurs jeunes : presque tous sont angoissés par l'avenir et le manque de travail. Beaucoup pensent à émigrer non loin de là : au Congo, au Mozambique, en Zambie. L'émigration est le moyen de sortir d'une situation bloquée. Le "voyage" est souvent un défi, relevé avec l'énergie de la jeunesse, l'esprit d'aventure et le désir d'un avenir différent. On défie les grandes difficultés d'un voyage ardu, dont la plupart sont bien connues. C'est ainsi qu'un flot d'Africains se déverse dans les pays voisins et qu'ils constituent la majorité des migrants du continent, même si nous, Européens, avons souvent l'impression que les Africains viennent tous en Europe. Il y a aussi des flux de migration vers notre continent et les États-Unis via l'Amérique centrale (le Mexique a établi qu'en 2023, quelque 60 000 Africains sont arrivés en transit vers les États-Unis, tandis qu'en 2022, ils n'étaient que 6 500).
Mais il existe également un autre phénomène qui touche les jeunes, beaucoup moins important numériquement, mais très significatif : il s'agit de l'adhésion à des mouvements djihadistes, qui recrutent parmi les mécontents et les désorientés. Dans le nord du Mozambique, une insurrection islamiste existe depuis 2017, menaçant un État dont les forces armées sont faibles et risquent d'être infiltrées. Le Nord, région pauvre, a été dévasté par les actions des entreprises internationales et nationales détenant des concessions minières. Pas moins de 950 000 Mozambicains ont été déplacés par la guérilla islamiste, stoppée uniquement grâce à des troupes venues du Rwanda et d'autres pays. Pour de nombreux jeunes, rejoindre le mouvement islamiste, avant même la lutte armée, représente une protestation contre une génération d'adultes considérée comme corrompue et incapable. C'est un phénomène que l'on retrouve également au Congo, au Sahel et ailleurs.
Les Mozambicains du Nord parlent de "novos musulmanos". Ce sont des non-musulmans, motivés par la révolte contre le statu quo, un bon salaire, trois fois supérieur à celui proposé dans l'armée, et la possibilité de piller. Parmi les guérilleros, il y a en somme de jeunes chrétiens convertis à l'islam. Cela montre la fragilité de certains secteurs chrétiens. Mais surtout, cela montre comment le djihadisme, malgré sa qualification islamique, est devenu une sorte de "guévarisme", capable de rassembler la contestation et la révolte au-delà de l'islam. Le djihadisme interprète la rébellion des jeunes générations, souvent ignorantes des objectifs du mouvement, en leur offrant des ressources et une vision manichéenne du monde. La politique djihadiste est souvent violemment anti-chrétienne. Au Mozambique, rien ne garantit, hormis les armées étrangères, que l'infiltration ne s'étende pas au-delà du nord et n'ébranle pas gravement l'État.
Dans la région congolaise du Kivu, le processus de transformation en mouvement islamiste de la rébellion ethnique d'origine ougandaise, l'ADF, a également attiré des non-musulmans et des chrétiens. Le fait que le radicalisme islamique soit le point de chute de tant de jeunes désespérés et sans repères a été constaté au Burkina Faso, au Mali, au Niger et ailleurs. Au Burkina Faso, qui présente une armée plutôt organisée (au pouvoir depuis 2022), les groupes armés contrôlent aujourd'hui 40 % du territoire national.
La jeunesse africaine est la grande question du continent : la crise de l'école publique (dans certains pays en particulier), le peu d'opportunités d'emploi, l'urbanisation, font que les jeunes sont habités par un esprit de révolte contre le statu quo, prenant des chemins différents. Cela doit rendre les gouvernements africains plus réfléchis et l'Europe capable d'une coopération adaptée aux défis.
[traduction de la rédaction]
[ Andrea Riccardi ]