Parole de Dieu chaque jour

Le jour du Seigneur
Parole de dieu chaque jour

Le jour du Seigneur

23e dimanche du Temps Ordinaire Lire plus

Libretto DEL GIORNO
Le jour du Seigneur
Dimanche 6 septembre

Homélie

Ce passage évangélique rapporte la guérison d’un sourd-muet, ou pour mieux dire, d’un homme affecté d’un balbutiement grave (la guérison consistera en effet pour lui à parler correctement). Jésus accomplit cette guérison dans la région de la Décapole, une terre païenne hors des frontières d’Israël. Marc semble souligner que l’Évangile n’est pas réservé à ceux qui font partie du peuple d’Israël ; tous ont le droit de rencontrer la miséricorde de Dieu qui sauve et qui délivre, même ce sourd-muet que l’on présente à Jésus pour qu’il le guérisse. Jésus le conduit à l’écart, loin de la foule, comme pour souligner la nécessité d’une relation personnelle, directe et intime entre lui et ce malade. Les miracles, en effet, adviennent toujours dans le cadre d’une amitié profonde et de la confiance en Dieu.
Jésus, l’ami des hommes, surtout des plus faibles, regarde cet homme avec affection et miséricorde. L’apôtre Jacques pensait sans doute aussi à cet épisode lorsque, dans sa lettre, il exhortait les chrétiens à porter une attention prioritaire aux pauvres et aux faibles. Il est vrai que Dieu ne fait pas acception de personnes, mais il est vrai aussi que son cœur penche, pour ainsi dire, du côté des pauvres et des faibles. Ces derniers sont les premiers dans l’Évangile. Il doit en être ainsi pour chaque croyant et pour toute communauté chrétienne. Jésus a accueilli le sourd-muet. Il l’a pris avec lui à l’écart. Suivant une ancienne habitude des guérisseurs, Jésus « lui mit les doigts dans les oreilles et, prenant de la salive, lui toucha la langue ». Puis, ainsi que l’observe l’évangéliste, Jésus leva les yeux au ciel et émit un profond soupir. C’est la prière de Jésus qui unit sa confiance dans le Père et sa compassion envers l’homme malade. Il avait fait de même avant la multiplication des pains, lorsqu’il s’était ému en voyant la foule fatiguée et abattue, puis « leva les yeux au ciel » (Mc 6,41).
Jésus sent sa poitrine sursauter sous l’effet d’une force intérieure et il dit au sourd-muet : « Effata ! », c’est-à-dire : « Ouvre-toi ! ». Un seul mot, jailli d’un cœur rempli de l’amour de Dieu. « Aussitôt, note l’évangéliste, sa langue se délia et il parlait correctement ».On songe aux paroles du centurion : « Seigneur […], dis seulement une parole et mon serviteur sera guéri » (Mt 8,8). Nous y trouvons aussi en écho l’exhortation puissante d’Isaïe au peuple d’Israël esclave à Babylone : « Dites aux gens qui s’affolent : “Prenez courage, ne craignez pas. Voici votre Dieu […]. Il vient lui-même et va vous sauver. Alors s’ouvriront les yeux des aveugles et les oreilles des sourds ». Ce jour-là, dans ce coin perdu de l’actuel Liban du Sud, Dieu était vraiment venu sauver un homme de son mal. Pourtant la force de Dieu ne se manifestait pas en faisant du bruit. Il n’y eut qu’un mot. Oui, car il suffit d’une seule des paroles évangéliques pour changer un homme et transformer sa vie ; ce qui compte, c’est que cette parole jaillisse d’un cœur aussi passionné que celui de Jésus et qu’elle soit accueillie par un cœur aussi pauvre que celui du sourd-muet. Nous pourrions dire que Jésus s’adresse non pas aux oreilles ou à la bouche, mais à l’homme tout entier, à toute la personne. C’est au sourd-muet, et non à ses oreilles, que le Seigneur dit : « Ouvre-toi ! » Et c’est l’homme entier qui guérit en s’ouvrant à Dieu et au monde.
Le lien étroit qui unit surdité et mutisme est bien connu. La guérison demande que les deux organes soient assainis ; un seul, ce n’est pas assez. Cela est vrai aussi dans le domaine de la foi chrétienne. Il faut d’abord que l’oreille (l’homme) s’ouvre à l’écoute de la Parole de Dieu. Puis la langue se dénoue pour parler. Cet homme, après avoir écouté, a pu aussi parler correctement. C’est le lien étroit qui unit écoute des Écritures et capacité de communiquer. Ceux qui n’écoutent pas demeurent muets, aussi dans la foi. Souvent, en commentant les Écritures, on souligne combien le fait d’écouter la Parole de Dieu est décisif pour un croyant. Ce miracle nous fait aussi réfléchir sur le lien qui s’instaure entre nos propres paroles et la Parole de Dieu. Souvent nous ne prêtons pas assez attention au poids de nos paroles, à la valeur de notre langage. Pourtant, c’est par lui que nous nous exprimons nous-mêmes, bien plus que ce que nous le croyons. Il n’est pas rare que nous gaspillions nos mots, pire encore, que nous les utilisions mal. L’apôtre saint Jacques nous rappelle au troisième chapitre de sa Lettre que, par la langue, « nous bénissons le Seigneur et Père, et par elle nous maudissons les hommes faits à l’image de Dieu. De la même bouche sortent la bénédiction et la malédiction. Il ne faut pas, mes frères, qu’il en soit ainsi » (3,9-10).
Ce miracle nous fait comprendre le besoin que nous avons d’écouter pour pouvoir parler, mieux encore, pour parler correctement. Oui, ce miracle est le miracle d’une parole correcte, c’est-à-dire la guérison d’une parole mauvaise et partagée, telle que Jacques la dénonce. Qui d’entre nous n’a pas à demander au Seigneur de le délivrer de paroles non correctes, parfois violentes et méchantes, mensongères et malveillantes ? Souvent, trop souvent, nous oublions la force d’édification ou de destruction qui réside dans notre langue. Il faut donc, avant tout, écouter la « Parole » de Dieu afin qu’elle purifie et féconde nos paroles, notre langage, notre façon de nous exprimer. Pour les chrétiens, il s’agit d’une responsabilité très grave, car la seule manière que nous ayons de communiquer l’Évangile c’est par l’intermédiaire de nos paroles. Elles sont pauvres, mais terriblement efficaces ; elles peuvent déplacer les montagnes, lorsqu’elles reflètent la Parole. Jésus dit : « De toute parole sans fondement que les hommes auront proférée, ils rendront compte au Jour du Jugement. Car c’est d’après tes paroles que tu seras justifié et c’est d’après tes paroles que tu seras condamné » (Mt 12,36-37).

La prière est le coeur de la vie de la Communauté de Sant'Egidio, sa première "oeuvre". Au terme de la journée chaque Communauté, petite ou grande, se recueille en prière autour du Seigneur pour écouter sa Parole et Lui adresser son invocation. Les disciples ne peuvent pas ne pas rester aux pieds de Jésus, comme Marie de Béthanie, pour choisir "la meilleure part" (Lc 10,42) et apprendre de Lui les mêmes sentiments (Phil 2,5).

Chaque fois la Communauté, revenant au Seigneur, fait sienne la demande du disciple anonyme: "Seigneur, apprends-nous à prier" (Lc 11,1). Et Jésus, maître de prière, continue à répondre: "Quand vous priez, dites: Abbà, Père".

Quand on prie, même dans le secret de son propre coeur, on n'est jamais isolés ou orphelins; on est de toute façon membres de la famille du Seigneur. dans la prière commune apparaît clairement, outre le mystère de la filiation, également celui de la fraternité.

Les Communautés de Sant'Egidio répandues à travers le monde se rassemblent dans les divers lieux choisis pour la prière et présentent au Seigneur les espérances et les douleurs des "foules désemparées et abattues" dont parle l'évangile (Mt 9,36). Dans ces foules anciennes sont inclus les habitants des villes contemporaines, les pauvres mis aux marges de la vie, tous ceux qui attendent d'être pris à la journée (Mt 20).

La prière commune recueille le cri, l'aspiration, le désir de paix, de guérison, de sens et de salut que vivent les hommes et les femmes de ce monde. La prière n'est jamais vide. Elle monte incessante vers le Seigneur afin qu'il change les pleurs en joie, le désespoir en allégresse, l'angoisse en espérance, la solitude en communion. Et que le Règne de Dieu vienne vite parmi les hommes.