Homélie

Jésus vient de prononcer le Sermon sur la montagne, qui représente en quelque sorte son programme évangélique. La réflexion sur ce passage est vraiment décisive. Jésus dit en effet : « Tout homme qui écoute ce que je vous dis là et le met en pratique est comparable à une homme prévoyant qui a bâti sa maison sur le roc », tandis que celui qui « écoute sans le mettre en pratique est comparable à un homme insensé qui a bâti sa maison sur le sable ». Puis Jésus développe ces deux exemples : la pluie tombe, les fleuves débordent, le vent souffle et secoue ces deux maisons. La première, bâtie sur le roc, résiste ; la seconde, bâtie sur le sable, s’écroule. Jésus compare ceux qui écoutent l’Évangile à ces deux hommes. L’Évangile n’est ni un exercice littéraire, ni une exhortation à cultiver des bons sentiments. Il sert à construire une maison, la maison de notre vie. Celui qui écoute l’Évangile et le met en pratique est un homme prudent, qui construit sa vie sur le roc : en revanche, celui qui écoute l’Évangile sans le mettre en pratique est imprévoyant et sera emporté par l’adversité. Le sort de celui qui n’écoute pas du tout la Parole de Dieu sera encore plus dur.
Ceux d’entre nous qui vont souvent à la plage peuvent se faire une représentation visuelle de la vérité de ces paroles. Il suffit parfois d’une petite vague pour détruire les « châteaux de sable » des enfants. Nous savons tous que la vie nous réserve des pluies torrentielles et des vents impétueux. C’est pourquoi la mise en garde de Jésus est sage et amicale. Le sable n’est pas loin. Il n’est pas nécessaire de faire de longues queues en voiture sur la route pour y arriver. Nous l’avons dans notre cœur. Le sable, c’est l’orgueil, la rigidité des sentiments et des convictions, l’arrogance de celui qui croit avoir toujours raison, même devant le Seigneur, et la froideur de celui qui est indifférent aux besoins des autres.
La saison du sable peut durer un jour, un mois, un an, ou toute la vie. C’est le temps où nous n’écoutons pas l’Évangile et où nous ne le mettons pas en pratique. Combien d’hommes et de femmes se rendent compte que leur construction humaine s’est écroulée, mais ne l’admettent pas pour ne pas devoir reconnaître que leur cœur est rempli de sable ! Soyons vigilants, car que le sable, c’est aussi le désert. Le sable crée le désert, la solitude, la tristesse, une vie sans joie. Le Seigneur nous a fait don du roc sur lequel nous pouvons construire notre vie. Le roc, c’est nous, c’est le Seigneur et son Évangile. Il reste debout et ne s’écroule pas. La prédication est comme une petite pierre pour chacune de nos journées. Il est donc juste de s’étonner, comme les foules après avoir entendu le Sermon sur la montagne : « Quand Jésus eut achevé ces discours, les foules étaient frappées par son enseignement. Car il enseignait en homme qui a autorité, et non pas comme leurs scribes ». C’est l’étonnement de ceux qui entendent une parole qui fait autorité et qui leur est donnée pour construire leur vie avec sagesse, de jour en jour.
La mise en garde de Jésus est avisée et sévère : « Cherchez d’abord son royaume et sa justice, et tout cela vous sera donné par-dessus le marché ». Nous devons chercher avant tout le Royaume de Dieu qui est bonté, miséricorde, justice, fraternité, amitié. Voilà l’essentiel, dont tout le reste découle. La myopie de tant de personnes au sujet de l’accueil des étrangers (et il est vraiment triste de voir que certains exploitent l’égoïsme et l’intolérance pour obtenir un consensus) entrave la recherche du Royaume de Dieu en les emprisonnant dans le culte de leur confort personnel (c’est l’idole des sociétés riches et consuméristes), qui les appauvrit et les angoisse. La richesse est une idole exigeante.