Parole de Dieu chaque jour

Le jour du Seigneur
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Le jour du Seigneur

5e Dimanche du Temps Ordinaire Lire plus

Libretto DEL GIORNO
Le jour du Seigneur
Dimanche 5 février

Homélie

L’évangéliste saint Marc ouvre son Évangile par le récit de la première journée de Jésus à Capharnaüm. C’est une sorte de journée-type de Jésus. Elle nous apparaît aussitôt très différente de nos journées, souvent marquées par la monotonie, la tristesse, la banalité, et parfois par le non-sens. A d’autres moments, par contre, ce sont la dureté et le drame de la vie qui reprennent le dessus. Et nous sentons qu’elles sont vraies pour nous aussi, ces paroles du livre de Job : « Vraiment la vie de l’homme sur la terre est une corvée, il fait des journées de manœuvre ». Si, de plus, notre regard s’élargit à ceux qui sont le plus directement touchés par la violence, par l’injustice et par la guerre - des guerres bien connues et d’autres, peut-être plus localisées, mais dont personne ne parle - la plainte de Job prend une valeur encore plus tragique. « Depuis des mois je n’y ai gagné que du néant, je ne compte que des nuits de souffrance. A peine couché je me dis : "Quand pourrai-je me lever ?". Le soir n’en finit pas : je suis envahi de cauchemars jusqu’à l’aube...Souviens-toi, Seigneur : ma vie n’est qu’un souffle, mes yeux ne verront plus le bonheur ». La vie humaine est vraiment dure, ainsi que nous le dit ce passage des Écritures. Eh bien, la « journée de Capharnaüm » qui nous a été annoncée dans l’Évangile, se faufile au milieu de nos journées pour leur infuser force et énergie, tel un levain enfoui dans la pâte pour la faire lever tout entière.
Après avoir chassé un esprit impur d’un pauvre homme, alors qu’il était dans la synagogue, Jésus se rend chez Simon et André. Sans doute cherchait-il un peu de calme. Mais il n’a pas le temps d’entrer dans la maison qu’aussitôt, on lui dit que la belle-mère de Pierre a la fièvre. Sans hésiter un instant, Jésus la guérit ; il ne dit pas un mot, ni même une prière, il la prend par la main et la fait lever. Voilà un récit simple qui contient cependant toute la force de Jésus victorieuse du mal. Ce n’est pas un hasard si, pour parler de la guérison de cette femme, l’évangéliste emploie le même verbe qu’il utilise pour la résurrection de Jésus. La réponse de cette femme - « et elle les servait » - n’est pas un simple geste de politesse ; c’est la « diakonia » - tel est le verbe employé pour dire ce que cette femme se met à faire -, c’est-à-dire le service du Seigneur et des frères et sœurs.
Dans cette guérison, toutes les autres nous sont pour ainsi dire présentées : autant celles que Jésus va faire au cours de sa vie terrestre, que celles de ses disciples d’autrefois et de tous les temps. De fait, l’évangéliste élargit aussitôt la scène en passant de la guérison d’une personne individuelle aux guérisons de plusieurs. Comme s’il voulait dire que Jésus est venu pour lutter contre le mal, contre toute sorte de mal, autant physique que mental et psychique. Ce qui ressort, dès cette première page de l’Évangile - et ce qui doit marquer la vie de l’Église - c’est cette « compassion » à l’égard des faibles, des malades, des pauvres, des foules lasses et fatiguées, dont nous entendrons souvent parler dans les Évangiles des dimanches à venir. Cette compassion est en quelque sorte le résumé de toute la mission de Jésus. On était encore dans la même journée - ainsi que le note l’évangéliste - et « le soir venu, après le coucher du soleil, on lui amenait tous les malades et ceux qui étaient possédés par des esprits mauvais. La ville entière se pressait à la porte ». Le soleil s’était couché et le monde n’accordait plus de lumière ni d’espoir ; mais toute la ville s’était rassemblée devant cette porte, devant la porte de la maison où habitait Jésus, la seule lumière sans couchant. On pense spontanément à ces millions de personnes frappées par la guerre et par la faim, qui errent en cherchant la porte où frapper. Comment ne pas penser non plus aux portes de nos communautés ecclésiales, qui sont souvent un port pour des pauvres et des désespérés ? Nos portes savent-elles s’ouvrir pour consoler et pour guérir ? L’évangéliste nous dit que Jésus a guéri beaucoup de monde.
Une fois que tout le monde s’en est allé, les uns guéris, les autres réconfortés, Jésus sort et se rend dans un endroit à l’écart, pour prier. Ce temps, en vérité, était le sommet et la source de toutes ses journées, de tout ce qu’il faisait. C’était son œuvre première et principale. Nous pouvons alors imaginer la prière nocturne de Jésus après qu’il avait touché, pendant toute une journée, les angoisses et les espoirs de tant de gens. Son intimité avec le Père n’avait rien d’une fuite hors du monde et de la vie pour jouir enfin d’un peu de tranquillité, qu’il aurait cependant bien méritée. Plus vraisemblablement, ces rencontres étaient des colloques passionnés (parfois dramatiques peut-être) entre le Fils et son Père, au sujet de la mission qu’il avait reçue, des conditions du monde, du salut de tous ceux que Jésus avait rencontrés comme des autres que Jésus aurait dû et voulu encore rencontrer. C’est ce qui peut expliquer sa réaction quand les disciples, après l’avoir rejoint, lui disent que tout le monde le cherche : « Partons ailleurs, dans les villages voisins, afin que là aussi je proclame la Bonne Nouvelle ». Jésus ne s’arrête pas dans une seule maison, chez un même groupe, dans une nation ou une civilisation unique ; et il ne sort pas par une seule porte. Il veut visiter toutes les maisons, car c’est partout que l’on a besoin de l’Évangile.

La prière est le coeur de la vie de la Communauté de Sant'Egidio, sa première "oeuvre". Au terme de la journée chaque Communauté, petite ou grande, se recueille en prière autour du Seigneur pour écouter sa Parole et Lui adresser son invocation. Les disciples ne peuvent pas ne pas rester aux pieds de Jésus, comme Marie de Béthanie, pour choisir "la meilleure part" (Lc 10,42) et apprendre de Lui les mêmes sentiments (Phil 2,5).

Chaque fois la Communauté, revenant au Seigneur, fait sienne la demande du disciple anonyme: "Seigneur, apprends-nous à prier" (Lc 11,1). Et Jésus, maître de prière, continue à répondre: "Quand vous priez, dites: Abbà, Père".

Quand on prie, même dans le secret de son propre coeur, on n'est jamais isolés ou orphelins; on est de toute façon membres de la famille du Seigneur. dans la prière commune apparaît clairement, outre le mystère de la filiation, également celui de la fraternité.

Les Communautés de Sant'Egidio répandues à travers le monde se rassemblent dans les divers lieux choisis pour la prière et présentent au Seigneur les espérances et les douleurs des "foules désemparées et abattues" dont parle l'évangile (Mt 9,36). Dans ces foules anciennes sont inclus les habitants des villes contemporaines, les pauvres mis aux marges de la vie, tous ceux qui attendent d'être pris à la journée (Mt 20).

La prière commune recueille le cri, l'aspiration, le désir de paix, de guérison, de sens et de salut que vivent les hommes et les femmes de ce monde. La prière n'est jamais vide. Elle monte incessante vers le Seigneur afin qu'il change les pleurs en joie, le désespoir en allégresse, l'angoisse en espérance, la solitude en communion. Et que le Règne de Dieu vienne vite parmi les hommes.