Parole de Dieu chaque jour

Le jour du Seigneur
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Le jour du Seigneur

15e dimanche du Temps ordinaire Lire plus

Libretto DEL GIORNO
Le jour du Seigneur
Dimanche 12 juillet

Homélie

« Jésus appelle les Douze et pour la première fois il les envoie deux par deux ». Ainsi commence le passage de l’Évangile de Marc que nous écoutons ce dimanche. Jésus appelle les Douze et les envoie. Ces deux verbes (appeler et envoyer) résument pour ainsi dire toute l’identité du disciple et de la communauté chrétienne. Ces paroles, en effet, avec ce qu’elles signifient, ne sont pas réservées à des groupes particuliers ou à des personnes privilégiées. Tous les chrétiens sont appelés à demeurer avec Jésus et à être envoyés par lui pour communiquer l’Évangile au monde. Le concile Vatican II décrit très clairement cette mission confiée à toute l’Église : « L’Église pèlerine est missionnaire de par sa nature […]. À tout disciple du Christ revient le devoir de répandre la foi autant que cela lui est possible ». Un chrétien est donc avant tout quelqu’un qui est appelé et convoqué par Dieu. Pour être plus précis, on ne devient pas chrétien par choix autonome ; on le devient en réponse (libre, bien sûr) à un appel qui nous précède. Oui, il y a un amour qui est là avant notre réponse. Dans le merveilleux commencement de la Lettre aux Éphésiens, Paul nous le rappelle : « En lui, il nous a choisis avant la création du monde, pour que nous soyons dans l’amour saints et irréprochables sous son regard. Il nous a d’avance destinés à devenir pour lui des fils par Jésus Christ : voilà ce qu’il a voulu dans sa bienveillance » (Ep 1,4-5).
Toute la tradition de l’Ancien Testament, depuis Abraham, fait de Dieu l’origine de tout appel. L’initiative d’entreprendre l’histoire du salut du peuple d’Israël revient entièrement au Seigneur. « Abraham obéit à l’appel de Dieu », écrit l’auteur de la Lettre aux Hébreux (11,8), montrant ainsi à tout chrétien quel est le paradigme de la foi. Dans les récits de vocation des prophètes, la primauté de l’initiative divine est évidente. L’histoire d’Amos est emblématique. Ce n’est pas lui qui choisit, il ne partit pas non plus de son propre chef. Le Seigneur l’a pris (« le Seigneur m’a pris de derrière le troupeau ») pour le jeter dans une dure confrontation avec toutes les injustices du pouvoir politique. Il a même dû subir les âpres considérations de cet « aumônier de la cour » qu’était le prêtre Amazias, qui l’exhortait - cela arrive ! - à une prudence bien intéressée. Amos répond à ce prêtre qu’à la racine de ses paroles prophétiques il n’y a pas un choix personnel lié à des perspectives particulières. C’est Dieu lui-même qui l’a contraint d’embrasser la mission prophétique : « Je ne suis pas prophète ; je suis bouvier et pinceur de sycomores. Mais le Seigneur m’a pris de derrière le troupeau et le Seigneur m’a dit : “Va, prophétise à mon peuple Israël? » (Am 7,14-15). Nous pourrions dire que chacun d’entre nous était (et souvent est toujours) un « pinceur de sycomores ». Et il n’est pas rare que, malgré l’appel que Dieu nous adresse chaque jour, chaque dimanche, nous restions là à cultiver nos sycomores personnels.
Mais le Seigneur ne cesse de nous appeler – et pas une fois seulement – pour nous arracher à un destin banal. L’appel consiste toujours à accomplir ce service de l’annonce l’Évangile de Jésus, par nos paroles et par notre vie, et ce, jusqu’aux extrémités de la terre. C’est là que chacun trouve sa sainteté. Les appels du Seigneur sont autant d’invitations à accueillir cette mission qui nous fait aller au-delà de nous-mêmes, au-delà des limites que chacun place à sa vie. Il est même naturel, pour chacun d’entre nous, d’établir des limites claires et définitives entre soi-même et les autres, entre ce que nous tenons pour possible et ce que nous pensons impossible. Cet instinct d’établir des limites vient de notre peur : nous voulons la tranquillité et la sécurité, nous évitons soigneusement l’inconnu et ce qui ne nous est pas familier. Ce faisant, nous consolidons les frontières qui séparent les hommes les uns des autres : celles de la culture et des affinités, des âges, des classes sociales, des nations et des appartenances. Et bien d’autres encore. Ce sont des frontières qui séparent les uns des autres, souvent par la violence, l’injustice et parfois la guerre, et qui incitent toujours à percevoir l’autre comme un adversaire et un ennemi. Chacun cherche à demeurer seul avec ses semblables, c’est-à-dire, au fond, avec soi-même.
Pour Jésus, il n’en est pas ainsi. Il a quitté le ciel pour venir au milieu de nous, non parce que nous étions justes, mais parce que nous étions pécheurs. C’est pourquoi il ne peut accepter de limites ou d’esprit de clocher. D’ailleurs, « le Père qui est dans les cieux fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons et tomber la pluie sur les justes et sur les injustes » (Mt 5,45). L’horizon de Jésus est le monde entier. Personne n’est étranger à ses préoccupations, pas même son pire ennemi. Pour le Seigneur, tout le monde doit être aimé, sauvé. Le premier, il a été envoyé et il a obéi : « Jésus parcourait toutes les villes et tous les villages, enseignant dans leurs synagogues, proclamant la Bonne Nouvelle du Royaume et guérissant toute maladie et toute infirmité », écrit saint Matthieu (9,35). Aujourd’hui encore, Jésus ne cesse de s’émouvoir devant les foules « fatiguées et abattues » de ce monde, en particulier devant les plus pauvres qui errent « comme des brebis sans berger ». Et il envoie les siens « deux par deux », afin qu’ils poursuivent son œuvre d’annonce de l’Évangile. Les disciples de Jésus doivent être libres dans leur esprit et universels dans leur cœur, surtout de nos jours, alors que les distances entre les peuples et les personnes sont plus que jamais raccourcies et que de nouveaux murs et de nouvelles frontières se dressent pourtant, exigés par l’ individualisme et l’esprit sectaire des individus comme des groupes, des ethnies comme des nations. De même que Jésus n’est pas venu se sauver lui-même, de même les chrétiens ne vivent pas pour eux-mêmes, mais pour que les autres soient sauvés.
Jésus invite ses disciples d’hier et d’aujourd’hui à ne rien prendre avec eux, ni pain ni bourse ni argent (à chacun de s’interroger sur ce que représentent aujourd’hui pour nous ce pain, cette bourse et cet argent). Munis seulement du bâton de l’Évangile et des sandales de la miséricorde, ils doivent parcourir les chemins des hommes en prêchant la conversion du cœur et en guérissant toute maladie et infirmité. Pour entrer dans les maisons des hommes, dans cette demeure la plus intime et la plus délicate qu’est leur cœur, il ne faut aucune arme particulière. Les disciples désarmés et pauvres doivent aller deux par deux, afin que l’exemple de leur amour mutuel soit leur première prédication. D’ailleurs, Jésus n’avait-il pas dit : « À cela tous sauront que vous êtes mes disciples : à l’amour que vous aurez les uns pour les autres » ? N’étant donc riches que de la miséricorde de Dieu et de l’Évangile, les chrétiens pourront abattre les murs de séparation et délivrer les cœurs des hommes des limites et des poids qui les oppriment. Devant cette tâche terrible et fascinante, nous ne pouvons pas reculer. Et avec les saints disciples, nous disons ensemble : « Me voici ! Envoie-moi » (Is 6,8).

La prière est le coeur de la vie de la Communauté de Sant'Egidio, sa première "oeuvre". Au terme de la journée chaque Communauté, petite ou grande, se recueille en prière autour du Seigneur pour écouter sa Parole et Lui adresser son invocation. Les disciples ne peuvent pas ne pas rester aux pieds de Jésus, comme Marie de Béthanie, pour choisir "la meilleure part" (Lc 10,42) et apprendre de Lui les mêmes sentiments (Phil 2,5).

Chaque fois la Communauté, revenant au Seigneur, fait sienne la demande du disciple anonyme: "Seigneur, apprends-nous à prier" (Lc 11,1). Et Jésus, maître de prière, continue à répondre: "Quand vous priez, dites: Abbà, Père".

Quand on prie, même dans le secret de son propre coeur, on n'est jamais isolés ou orphelins; on est de toute façon membres de la famille du Seigneur. dans la prière commune apparaît clairement, outre le mystère de la filiation, également celui de la fraternité.

Les Communautés de Sant'Egidio répandues à travers le monde se rassemblent dans les divers lieux choisis pour la prière et présentent au Seigneur les espérances et les douleurs des "foules désemparées et abattues" dont parle l'évangile (Mt 9,36). Dans ces foules anciennes sont inclus les habitants des villes contemporaines, les pauvres mis aux marges de la vie, tous ceux qui attendent d'être pris à la journée (Mt 20).

La prière commune recueille le cri, l'aspiration, le désir de paix, de guérison, de sens et de salut que vivent les hommes et les femmes de ce monde. La prière n'est jamais vide. Elle monte incessante vers le Seigneur afin qu'il change les pleurs en joie, le désespoir en allégresse, l'angoisse en espérance, la solitude en communion. Et que le Règne de Dieu vienne vite parmi les hommes.