Homélie

La fête de l'Immaculée célèbre la conception « immaculée » de Marie par Joachim et Anne, que la tradition reconnaît comme ses parents. Marie a été entourée par la miséricorde de Dieu dès sa conception, non pour ses mérites, mais par grâce. L'Évangile de Luc nous la montre à Nazareth, désormais devenue une jeune fille. Mais — c'est là le mystère que nous célébrons en cette fête — le regard de Dieu s'était déjà posé sur elle dès sa conception. Le Père du ciel la voulut sans aucune marque de péché parce que d'elle devait naître le Fils de Dieu lui-même. Ce mystère nous fait reconnaître en Marie la « fille de Sion » dont parle l'Ancien Testament, figure des pauvres d'Israël, de ce petit reste que le Seigneur s'était réservé pour apporter le salut à tous les peuples.
La mémoire de la conception de Marie nous fait nous remémorer chaque disciple, chaque homme et chaque femme qui attendent le salut. Le regard de Dieu, comme il s'est posé sur Marie, se pose également sur la communauté des croyants, sur chacun de nous, sur tous les hommes. L'apôtre Paul écrit aux Éphésiens : « Il nous a choisis, dans le Christ, avant la fondation du monde, pour que nous soyons saints, immaculés devant lui, dans l'amour. » (Ep 1,4) Marie, et nous avec elle, avons été choisis par Dieu avant même la création pour être saints et immaculés. « Il nous a choisis », écrit l'apôtre, et non « nous avons choisi ». Oui, chacun de nous est avant tout le fruit de l'amour de Dieu?; son cœur nous a pensés et nous sommes venus à la lumière. Voilà pourquoi nous pensons que la vie est sainte, pour tous, depuis le début et pour toujours. Et chacun est appelé à accomplir les merveilles de Dieu. Personne n'existe par hasard. Dieu assigne à chacun un rôle pour l'édification d'un monde de paix. D'où la responsabilité de la réponse apportée à la prédilection de Dieu et à la tâche qui nous est confiée.
L'Évangile fait le récit du moment où Marie reçoit de l'ange l'appel de Dieu et où elle accepte de devenir la mère de Jésus. Il n'était pas facile pour elle d'accueillir ce que l'ange était en train de lui demander. À tel point qu'elle se troubla en entendant ces paroles. Non seulement elle n'avait pas une haute estime d'elle-même, mais ces paroles bouleversaient une vie qui avait déjà été programmée. Ainsi, Marie ne s'exalte pas?; au contraire, elle se trouble. En réalité, les choses devraient se passer ainsi chaque fois que chacun d'entre nous écoute l'Évangile. En effet, l'Évangile bouleverse sans cesse nos plans pour nous faire entrer dans ceux de Dieu. Marie, contrairement à nous, ne compte pas sur ses forces, mais uniquement sur la Parole de Dieu. C'est pour cela qu'elle dit : « Voici la servante du Seigneur?; que tout m'advienne selon ta parole. » Elle, la première que Dieu a aimée, est aussi la première à répondre « oui » à l'appel que l'ange lui transmet. Aujourd'hui, Marie est devant nous, pour qu'en la contemplant nous puissions l'imiter et, avec elle, chanter l'amour que le Seigneur a déversé dans nos cœurs.