Andrea Riccardi à la rencontre des Semaines sociales de France: « Osons rêver l’avenir, prendre soin des hommes et de la terre »

« Comment est-il possible d'oser et de rêver ? (…) La méthode pratiquée lors de cette rencontre est déjà une ressource pour rêver : vaincre la solitude, parler aux autres, partager ses attentes. Vous avez participé non pas par devoir professionnel ni par appartenance à une association, mais parce que vous avez voulu vous exprimer dans un cadre libre, engagé, laïc et chrétien. C'est l'indication d'une ressource. La ressource, c'est l'autre avec lequel on peut dialoguer, tisser un lien fraternel, essayer de se projeter dans l'avenir. »

C’est par ces mots et devant un public nombreux et attentif venu de toute la France, qu’Andrea Riccardi a conclu la 95e rencontre des Semaines sociales de France (SSF) le 28 novembre 2021 à Versailles : trois jours – en présentiel au palais des congrès de Versailles ou en virtuel – de rencontres, d’échanges et de mobilisation pour construire un avenir plus désirable sur le thème Osons rêver l’avenir, prendre soin des hommes et de la terre.

Depuis 1904, les Semaines sociales de France offrent un espace de formation et de débat qui permet le dialogue entre les chrétiens et la société pour l’ensemble des acteurs qui, par leur action et leur réflexion, cherchent à contribuer au bien commun en s’appuyant sur la pensée sociale chrétienne. Chaque grande rencontre annuelle, qui regroupe plusieurs milliers de personnes, permet aux participants de trouver des repères et de se forger un discernement sur les grands enjeux de la société (éducation, religion, écologie, solidarité, immigration, Europe, bioéthique, technosciences, démocratie...).

Partenaires pour cette rencontre annuelle, Sant’Egidio et les SSF le sont également pour les Couloirs humanitaires en France depuis cette année grâce à la signature du renouvellement du protocole, comme l’a souligné Andrea dans son discours : « Si je devais oser un rêve, je dirais : la paix ! (…) L'invocation de la paix appartient à beaucoup. Cela signifie : délivrez-nous de la guerre ! Une invocation presque équivalente à celle du Pater Noster : " délivre-nous du Mal ". Parce que la guerre est - à ma connaissance - le visage du mal. Elle est la mère de tant de malheurs et de pauvreté. La paix se lit sur les lèvres des réfugiés soudanais ou somaliens, que j'ai vus arriver avec les couloirs humanitaires vers l'Europe. Je l'ai vraiment compris quand j'ai assisté à l'arrivée des réfugiés syriens en Europe avec les couloirs humanitaires. »

Andrea a conclu son discours par ces paroles prophétiques : « Osons rêver ! (…)  le rêve a un pouvoir profond, qui a un impact sur la société, sur l'Église, sur la vie quotidienne. Parce qu'il oriente tout le monde vers l'avenir (…). Lorsque nous commençons à marcher dans le rêve, nous voyons qu'il y a plus d'énergie que nous ne le pensons (…).  Nos pays ont été traversés par des manifestations de protestation qui témoignent d'une volonté de mobilisation. Ici, il y a une longue mobilisation pour un monde fraternel, pour une terre plus habitable. Cela génère de l'espoir chez les gens. Nous devons organiser l'espérance : créer un tissu de fraternité qui donne de la chair aux os desséchés de nos sociétés ou de nos églises (…) et faire fleurir une culture de la rencontre renouvelée. »