Les bras ouverts aux réfugiés

Article de Marco Impagliazzo dans La Nuova Sardegna

Un miracle. Le plus grand couloir humanitaire depuis la Seconde Guerre mondiale créé sur notre continent

Sauvés. Avant qu'ils ne soient engloutis par une guerre que nous n'aurions jamais pu imaginer au cœur de l'Europe.
Iryna et Halyna, deux jeunes femmes avec leurs quatre enfants et un petit cousin, ne sont que quelques-uns des nombreux réfugiés - surtout des femmes avec enfants - qui ont réussi à s'échapper d'Ukraine. Des réfugiés dont le nombre s'élève désormais à près d'un million, et qui sont arrivés au milieu de mille difficultés en Pologne, en Slovaquie, en Hongrie, en Roumanie et dans d'autres pays, dont l'Italie.
Ils viennent d'arriver à Rome après un long voyage à la recherche d'un abri sûr, ayant dans leurs yeux et leurs esprits les images de la destruction et les sons horribles des bombes qu'ils ont laissées derrière eux.
Yuri, 8 ans, a immédiatement pleuré en entendant la sirène d'une ambulance qui passait dans le centre tranquille de la capitale italienne. Il se souvenait trop bien des alarmes qui avaient obligé sa famille à se réfugier dans les abris de Ternopil, une ville de l'ouest de l'Ukraine, aux premiers jours de la guerre.
Mais l'histoire de ces sept réfugiés, qui sont désormais nos concitoyens, est également emblématique du vrai visage de l'Europe, de la solidarité et de l'inclusion qui se sont mises en place ces derniers jours pour accueillir, héberger, donner à manger et envoyer de l'aide là où elle est nécessaire. Une histoire qui a commencé par les larmes d'une employée de maison ikrainienne, mère de deux filles - Iryna et Halyna - dont la vie était en danger, et par la décision rapide de son employeur : "Ne t'inquiète pas : amène-les immédiatement à Rome, dis-leur que je peux les héberger chez moi". La même maison où vit l'employée ukrainienne. Mais lorsqu'ils sont arrivés à Rome, après un voyage de 48 heures en bus, il s'est avéré que non, ils ne pouvaient pas tenir tous les sept dans la même maison ! La dame italienne a donc écrit un courriel demandant de l'aide à la Communauté de Sant'Egidio, qui a résolu le problème en quelques heures, non pas parce qu'elle possède des structures mais parce qu'elle est la bénéficiaire des maisons qui ont été offertes ces jours-ci pour gérer la crise : un réseau qui fait que l'Europe se rachète du reniement de ses institutions et de ses règlements - et non de la société civile - face au drame de nombreux autres réfugiés.
La crise liée à la guerre a en effet produit un miracle législatif : le plus grand couloir humanitaire depuis la Seconde Guerre mondiale sur notre continent a été créé en l'espace de quelques heures. La clause de protection humanitaire a été immédiatement déclenchée pour les Ukrainiens, facilitant ainsi l'arrivée de ce flux extraordinaire de personnes.
Il ne s'agit pas seulement des citoyens de ce pays déchiré par la guerre, mais aussi des réfugiés, que l'on pourrait définir comme des "collatéraux", dont le droit d'emprunter la même voie de fuite n'est pas considéré comme acquis parce que les États ne sont pas toujours prêts à leur ouvrir leurs portes. Il s'agit de tous les étrangers, dont beaucoup d'Africains, qui se trouvaient en Ukraine lorsque les hostilités ont éclaté.
Elvis, 29 ans, un Nigérian, venait de gagner une bourse pour étudier à Kharkiv, l'une des villes martyres de ces jours-ci. Il n'était arrivé qu'en janvier dernier pour suivre un cours d'ingénierie à l'université internationale locale et venait juste de commencer à apprendre la langue nécessaire à ses études, qui n'est pas l'ukrainien mais le russe. Il n'était là que depuis un mois quand les bombes sont soudainement arrivées. Il a réussi à sortir du pays, pas facilement parce qu'il était étranger, mais il a finalement réussi à se sauver. Pas à Rome, mais à Varsovie, la capitale d'un pays où il n'aurait jamais pensé se retrouver, mais où il est maintenant en sécurité, chaleureusement accueilli comme beaucoup d'autres en Pologne, où il y a déjà plus d'un demi-million de réfugiés.
Peu de gens savent qu'il y a prèsde 4 000 Nigérians en Ukraine, la plupart d'entre eux y résidant pour des raisons d'études, ainsi que de nombreux autres Africains. La Guinée Conakry, par exemple, a une longue tradition de relations universitaires avec l'Ukraine, mais aussi avec la Russie en raison de son passé marxiste. Et puis il y a beaucoup d'autres étrangers, des Latino-américains et des Asiatiques, surtout des Indiens. Tous ont rejoint ces jours-ci les Ukrainiens dans le même sort amer.
L'Europe, avec ses portes ouvertes, se trouve de l'autre côté de la frontière. Cette fois, elle a décidé d'accueillir. Mais elle ne doit pas se résigner à la guerre. Cela serait grave et porterait un coup au cœur d'une unité renouvelée qui se manifeste par le désir de paix et d'intégration exprimé par ses peuples.
 
 
[traduction de la rédaction]
 

[ Marco Impagliazzo ]