Celui qui livre une guerre haït Dieu et l'humanité

Celui qui livre une guerre haït Dieu et l'humanité

Editorial d'Andrea Riccardi

Toute attaque est un échec de la politique. Nous ne devons pas regarder les idéologies, mais la douleur des gens.

En Ukraine, il y a l'enfer de la guerre. Il y a des combats dans les villes avec des dégâts très importants et des morts, même parmi les civils. Il y a ceux qui ont été pris au piège dans la bataille, ceux qui ont essayé de fuir vers l'Ouest. 

Avec la Communauté de Sant'Egidio, j'ai lancé un appel, qui a reçu 16 000 signatures, pour déclarer Kiev "Ville ouverte", afin qu'il n'y ait pas de combats dans les rues de la métropole ukrainienne. 

SIGNER L'APPEL

A ce jour, le fil des négociations se poursuit, mais les combats ne s'arrêtent pas. L'Occident est unanime dans son opposition à l'agression de Poutine, prenant des mesures sévères pour frapper l'économie russe et ralentir l'effort de guerre. L'Europe est unie. 

Le pape François a exprimé un point de vue particulier, centré sur la paix. Sa visite à l'ambassadeur russe auprès du Saint-Siège, au-delà de tout protocole, a mis en évidence combien l'invasion représente un fait très grave pour l'Église. 

Lors de l'Angélus, le Pape a montré que la perspective de l'Eglise est celle du rejet de la guerre : "Celui qui fait la guerre oublie l'humanité. Ils ne partent pas du peuple, ils ne regardent pas la vie concrète des gens, mais ils font passer les intérêts partisans et le pouvoir avant tout. Ils s'appuient sur la logique diabolique et perverse des armes, qui est la plus éloignée de la volonté de Dieu. Et elle s'éloigne des gens ordinaires, qui veulent la paix et qui, dans chaque conflit, sont les véritables victimes, qui paient les folies de la guerre sur leur propre peau. Je pense aux personnes âgées, à ceux qui cherchent refuge en ces heures, aux mères qui fuient avec leurs enfants..... Ce sont des frères et des sœurs pour lesquels il est urgent d'ouvrir des couloirs humanitaires et qui doivent être accueillis". 

L'Église a toujours considéré avant tout la souffrance des peuples en guerre, tout en rejetant la "logique perverse et diabolique des armes". François a insisté à plusieurs reprises sur le fait que la production et le commerce d'armes aggravent la guerre. 

Le Saint-Siège soulève la question d'un "cessez-le-feu" rapide, de négociations entre Moscou et Kiev et, surtout, de la paix. La guerre ne produit jamais un avenir positif. C'est la sagesse historique de l'Église, mûrie au contact des guerres des XXe et XXIe siècles. Elle est exprimée dans l'encyclique Fratelli tutti : "Toute guerre laisse le monde pire qu'il ne l'a trouvé. La guerre est un échec de la politique et de l'humanité, une reddition honteuse, une défaite face aux forces du mal. Ne nous arrêtons pas aux discussions théoriques, entrons en contact avec les blessures, touchons la chair de ceux qui subissent les dommages".

Le Pape, le Saint-Siège, en ces heures de conflit sanglant, où il n'y a pas d'issue, sont une ressource pour la paix : un espace de rencontre. Cet espace est fondé sur la ferme conviction que la guerre est une erreur et que la conciliation est possible, voire qu'elle est le véritable intérêt des Ukrainiens et des Russes. On pourrait penser que si Moscou a suivi la voie de la guerre, elle n'aura aucun intérêt dans cette voie. La paix est-elle alors un rêve ? Au fil du temps, les perspectives changent. Cependant, au cœur de l'Europe, le puissant témoignage du pape demeure : tout est perdu avec la guerre et rien n'est perdu avec la paix. Soutenir cette position peut signifier être vilipendé ou considéré comme craintif. Mais l'histoire nous enseigne combien cette vision est sage.

Editorial d'Andrea Riccardi dans l'hebdomadaire Famiglia Cristiana du 13/3/2022

[traduction de la rédaction]


[ Andrea Riccardi ]