Traiter l'immigration avec réalisme: 5 propositions concrètes. Editorial de Marco Impagliazzo

Corriere della Sera

L'immigration en Italie devrait, une fois pour toutes, être abordée de manière réaliste dans l'optique du bien commun, sans courir après des images déformées ou alarmistes, sans prononcer des expressions et des jugements qui ouvrent le champ à des manifestations d'intolérance et de xénophobie. Il convient avant tout de combattre l'idée que l'immigration est un phénomène ingérable. C'est la réalité elle-même qui le réfute.

Il suffit de penser que les étrangers résidant en Italie sont environ 5,2 millions, soit 8,8 % de la population, des personnes et des familles qui, sous diverses formes, contribuent depuis des années à la croissance de notre économie et de nos recettes fiscales. Un chiffre qui montre combien il est possible d'intégrer les personnes originaires d'autres nations dans le tissu socio-économique de notre pays.

C'est la voie principale que nous devons continuer à emprunter : la présence régulière. Cette option est bonne non seulement pour les étrangers qui aspirent à vivre dignement dans un pays où il y a du travail et une démocratie, mais aussi pour les Italiens qui, par ailleurs, les sollicitent souvent sans pouvoir les laisser entrer, en l'absence d'instruments qui le permettent. En effet, selon les données d'Eurostat, l'Italie devrait acquérir au moins 200 000 travailleurs étrangers chaque année pour maintenir son niveau de productivité. Pourquoi ne pas atteindre ou du moins s'approcher de ce quota stable au lieu de laisser à la criminalité la gestion des flux migratoires qui alimentent les voyages sur les canots de la mer et, par conséquent, aussi les tragédies trop fréquentes dans les eaux de la Méditerranée ?

Gérer plutôt qu'être géré par d'autres. Quelques propositions concrètes, que l'on peut résumer en cinq points, permettraient d'assécher l'irrégularité au bénéfice de tous.

Tout d'abord, une révision à la hausse de ce que l'on appelle le "décret flux", c'est-à-dire le quota de personnes qui peuvent entrer chaque année pour des raisons professionnelles. La dernière loi, promulguée en décembre 2021, prévoyait l'entrée de 69 000 personnes en élargissant le vivier de candidats par rapport aux années précédentes, mais ce chiffre reste insuffisant par rapport aux besoins.

Deuxièmement : il est juste de privilégier l'entrée de travailleurs provenant de pays avec lesquels l'Italie a signé un accord de coopération, mais cela ne doit avoir lieu qu'en priorité et non de manière exclusive, sinon cette possibilité serait exclue pour des nationalités qui ont démontré une importante capacité d'intégration et d'enracinement, comme les Péruviens et les Colombiens, pour ne citer que deux exemples, ou qui resteraient aux mains des trafiquants d'êtres humains, comme dans le cas de l'Érythrée ou d'autres pays africains. Si l'on veut vraiment lutter contre l'immigration clandestine, l'entrée légale doit être considérée, par ceux qui ont l'intention de migrer, comme un objectif réalisable.

Troisièmement, s'il est juste de privilégier certains secteurs de production particulièrement demandés (comme le transport routier de marchandises, la construction et l'hôtellerie), il ne faut pas exclure d'autres professions comme celles des services domestiques ou de l'assistance aux personnes fragiles et aux familles, pour lesquelles il existe une forte demande non satisfaite.

Quatrièmement : stabiliser la règle de juin dernier (complémentaire au décret sur les flux) qui prévoit la demande d'emploi également pour les travailleurs étrangers non résidents mais présents en Italie. En d'autres termes, sortir du langage bureaucratique, encourager la régularisation des immigrants qui vivent dans notre pays mais qui, pour diverses raisons, sont actuellement illégaux. En fait, la plupart d'entre eux le sont uniquement pour des raisons administratives et non parce qu'ils ont enfreint la loi.

Cinquièmement, introduire un quota d'entrée annuel pour les "demandeurs d'emploi" sur appel d'un "garant" qui assurerait le maintien de la personne pendant au moins un an. La raison est rapidement énoncée : ce mécanisme, bien que contingenté, permettrait à de nombreux parents déjà présents en Italie de venir légalement au lieu d'illégalement.

Cinq propositions faciles à appliquer parce qu'elles sont en phase avec notre système réglementaire et faciles à soutenir si nous abordons le phénomène de l'immigration non pas de manière idéologique mais avec des réponses concrètes qui favorisent l'intégration et, par conséquent, la croissance humaine, sociale et économique de notre pays. 

[traduction de la rédaction]